Turquie: le quotidien d’opposition «Cumhuriyet» de nouveau face à la justice

La Turquie est placée au 155e rang sur 180 pays au classement mondial de la liberté de la presse selon Reporters sans frontières (RSF). La plus grande prison au monde pour les journalistes, un pays qui ne garantit plus la liberté d’expression. Depuis le coup d’Etat raté de 2016, la Turquie s’enferme chaque jour un peu plus dans la répression. Parmi les « victimes » de cet autoritarisme croissant, se trouvent les médias, notamment d’opposition au régime d’Erdogan. Parmi eux, le journal Cumhuriyet dont le procès va reprendre ce vendredi 9 mars. 17 salariés de ce journal sont jugés et 4 sont encore en détention provisoire. Ils risquent jusqu’à 43 ans de prison.

Le journalisme est sur le point de mourir en Turquie. C’est ce que craint Yonca Sik, la femme du journaliste d’investigation Ahmet Şik. Il est en prison depuis plus d’un an. « N’importe qui se permettant de critiquer Erdogan où le gouvernement prend le risque d’être défini par le pouvoir comme un “terroriste” », dit-elle.

Les 17 salariés de Cumhuriyet sont en effet accusés de proximité avec des groupes terroristes. Depuis son ouverture, ce procès est devenu l’un des exemples les plus significatifs de la résistance en Turquie.

« Rien n’est prévisible en Turquie parce que l’indépendance et l’impartialité de la justice turque est vraiment remise en cause. Dernièrement, la décision de la Cour constitutionnelle turque qui a dit de libérer les journalistes n’a pas été exécutée par le tribunal de première instance », souligne Murat Can Sabuncu, le fils de Murat Sabuncu, le rédacteur en chef du journal.

Difficile donc de prévoir ce que diront les juges à l’issue de cette nouvelle audience. Lors de la dernière, Ahmet Şik avait été expulsé du tribunal pour avoir eu « une défense politique ». Murat Can Sabuncu décrit cette scène comme « un moment inoubliable et terrible pour la justice turque ». Il espère que son père sera libéré à l’issue de cette nouvelle audience. Les 17 accusés encourent des peines allant jusqu’à 43 ans de prison.

Je pense que le soutien du peuple turc est très visible. Surtout quand vous assistez au procès. Parce que beaucoup de personnes, les lecteurs, la société civile, les avocats sont toujours présents pour soutenir les journalistes et leur journal. Devant la cour, il y a toujours ces manifestations. Il y a beaucoup de gens qui résistent à l’autoritarisme.
rfi