Washington exclut la Turquie du programme d’avions de chasse F-35

Les États-Unis sont passés aux actes pour condamner l’achat par la Turquie des systèmes de défense antiaérienne russes S-400. La participation d’Ankara au programme de développement de l’avion de combat américain F-35 a été suspendue, a annoncé la Maison Blanche mercredi 17 juillet.

Avec notre correspondante à Istanbul,Anne Andlauer

La participation de la Turquie au programme de développement de l’avion de combat américain F-35 a été suspendue et le processus d’exclusion a débuté, ont fait savoir mercredi 17 juillet les États-Unis, qui menaçaient de le faire depuis qu’Ankara a décidé de se doter du système de défense antimissile russe S-400.

« Le F-35 ne peut pas coexister avec une plateforme de collecte de renseignements russe qui sera utilisée pour en apprendre davantage sur ses capacités de pointe », avait auparavant souligné la Maison Blanche dans un communiqué.

Une décision « injuste », selon Ankara

Si cette décision était attendue, elle constitue un coup dur pour la Turquie qui comptait acquérir une centaine d’exemplaires d’avions furtifs F-35, qu’elle contribuait à fabriquer sur son sol.

Le ministère des Affaires étrangères turc a dénoncé une décision « injuste », « unilatérale », qui « ne respecte pas l’esprit de l’alliance » atlantique.

Ankara invite Washington à « réparer cette erreur qui préparera la voie à des dommages irréparables dans nos relations stratégiques. »

Pertes financières

Cette exclusion devrait entraîner l’expulsion des pilotes turcs s’entraînant actuellement aux États-Unis sur le F-35 et l’annulation de la livraison des quatre appareils déjà achetés par la Turquie. Les contrats de sous-traitance attribués à des entreprises turques risquent également d’être annulés. Pour elles, cela signifie des pertes d’emplois et d’importants revenus.

Ankara avait déjà investi plus d’un milliard de dollars dans ce programme. Selon des estimations, sa participation aurait pu lui en rapporter neuf fois plus. Début juillet, le président Recep Tayyip Erdogan avait estimé qu’une telle exclusion équivaudrait à du « vol ». Il avait promis de se tourner vers un tribunal international d’arbitrage.