Watergate, Irangate et j’en passe. Ils sont nombreux les scandales qui ont été éventrés par la presse au fil de l’histoire.
Depuis 1972, date à laquelle les journalistes Woodward et Bernstein ont obligé le Président américain Nixon à démissionner, le journalisme d’investigation a eu ses lettres de noblesse adopté dans tous les pays dits développés notamment en Occident.
Après le Washington-Post, le New-York Times a travaillé à démentir le gouvernement américain sur ses allégations concernant la guerre de Vietnam.
Depuis, en France des émissions d’investigation sont nées dont la plus connue chez nous est ‘’Envoyé spécial’’. Un site comme Mediapart fait un excellent travail d’investigation avec des affaires de plus en plus nombreuses protées à la connaissance de l’opinion.
Le ‘’Canard enchainé’’ et d’autres médias s’inscrivent dans cette dynamique pendant qu’en Afrique, les choses traînent. Pourtant, le journalisme d’investigation n’y est pas complétement absent.
Le journaliste burkinabé Nobert Zongo a été assassiné, sa voiture calcinée parce qu’il enquêtait sur les agissements de la famille Compaoré au pouvoir à l’époque. Le journaliste Deyda AIdara en été tué aussi en Gambie. Cette année, un confrère a été liquidé au Ghana parce qu’il enquêtait sur le scandale dans le sport. Et les exemples sont nombreux notamment de journalistes occidentaux tués sur le continent comme Kiffer et Jean Hélène. Parce que, ces journalistes dérangent, en haut lieu.
De la même façon, le reportage de la BBC portant le pétrole et le gaz est en train, malgré les dénégations, de causer des chamboulements au plus haut niveau de l’Etat.
Le frère du Président de la République Aliou Sall vient de démissionner de son poste de Directeur général de la Caisse des dépôts et de consignations (DCD) et quatre décrets de nomination à des postes stratégiques ont été pris. Avant cela, le Ministre porte-parole du Président de la République El Hadji Hamidou Kassé a été démis de ces fonctions. Tous ces décrets sont pour la plupart liés à cette affaire. Au point d’ailleurs que l’on peut parler, en la qualifiant, de ‘’Pétrogate’’.
Car, manifestement, cette affaire a un parfum de scandale et il est en train de secouer la République. Bien sûr, il reste à la Justice de faire la lumière et de situer les responsabilités.
Mais, en attendant, l’ardoise est lourdement salée pour certaines personnalités du régime.
D’ailleurs, face aux manifestations suscitées, chaque cacique du régime se sent obligé de réagir par une déclaration dans la presse.
Silence des alliés
Ce sont plutôt les alliés qui sont restés silencieux et amorphes. Les timides réactions de Benno bokk yakaar cachent-elles un malaise face au dossier ? On serait tenté de le croire.
Tout se passe en effet comme si les alliés notamment les fortes personnalités qui accompagnent le Président l’ont laissé gérer ce dossier à sa façon.
Une démarche qui n’est pas habituelle, car, à chaque fois qu’il avait des problèmes, les alliés étaient du rang de ceux qui défendaient le Président.
Bien sûr, on a vu les réactions d’Ibrahima Sène, d’Abdoulaye Vilane, mais les autres notamment Niass et Tanor ne se sont pas beaucoup distingués.
Pourtant, c’est dans des moments aussi difficiles qu’il est important que les hommes d’Etat expérimentés qui accompagnent le Président lui donnent des pistes de solution de gestion de la crise. Malheureusement, au regard de la cacophonie constatée au sommet, laquelle a affecté même le Parquet, on peut aisément deviner que Macky n’a pas encore la recette magique pour faire face.
Pis, cette affaire a occasionné la première polémique enclenchée par l’OFNAC. La réaction violente de sa Présidente contre le Procureur est symptomatique des dégâts énormes causés par ce reportage.
Des institutions comme le Parquet et l’OFNAC ne se sont, à notre connaissance, jamais exposé à une polémique publique même si, en l’espèce, c’est le Procureur qui a commencé en parlant de rapport non-complet.
C’est dire que cette affaire n’a pas encore révélé tous ses secrets. Elle va, dans tous les cas, longtemps perturbé le sommeil du Président de la République lui qui entamait ainsi paisiblement un second mandat, avec, à la clef, un dialogue national censé réconcilier les fils du pays.