epuis 2015, le Burkina Faso fait face à des attaques terroristes aux conséquences désastreuses. Face au bilan macabre dans les rangs de l’armée sous-équipée et la puissance de feu des djihadistes, le Président Marc Christian Roch Kaboré est de plus en plus acculé par des contestations populaires dans la rue organisées dans tout le pays, exigeant son départ du pouvoir.
Nous sommes loin de la tempête humaine du 30 Octobre 2014, qui avait chassé du pouvoir Blaise Compaoré. Le Président Marc Christian KABORE commence à s’essouffler devant l’ampleur de l’état de délitement sécuritaire du pays, depuis son accession au pouvoir en 2015.
Le peuple continue d’être tenaillé par la montée en puissance des groupes djihadistes qui massacrent tout sur leur passage. Garnisons, bétail et civils sont brûlés. Face à une armée burkinabé sous-équipée, désarçonnée et conduite à l’usure par des groupes terroristes qui imposent leur loi, partout dans le pays, le peuple est laissé à son triste sort, la peur au ventre.. Le bilan sur le terrain est macabre. La dernière attaque meurtrière remonte à dimanche dernier dans la localité d’Inata où 56 soldats ont péri. C’est le coup de kalach de trop. Les forces de sécurité et de défense burkinabé viennent d’essuyer la plus grande attaque meurtrière de l’histoire. Ces tueries régulières ont poussé les populations à sortir marcher mercredi dernier dans les rues des grandes villes du pays, scandant le départ du Chef de l’État Marc KABORE et la démission du gouvernement burkinabé.
Le Président KABORÉ incapable de gérer la crise sécuritaire
Depuis 2015, le Burkina Faso fait face à des attaques terroristes aux conséquences désastreuses. Beaucoup reprocheraient au Président Marc KABORE son incapacité à gérer cette crise sécuritaire, qui le dépasse. Manque de vision, de stratégie ou de cran ?
La situation sécuritaire s’est considérablement dégradée au Burkina Faso, ces six dernières années. Les attaques terroristes, dont le pays est victime, ont fait 1650 morts (civils et militaires) entre le 4 avril 2015 et le 31 mai 2020, selon un rapport de l’Observatoire pour la démocratie et les droits de l’homme (ODDH). Cette guerre imposée par les forces du mal a entrainé, de nombreux blessés et fait 1 423 378 de déplacés à la date du 31 août 2021, selon des données fournies par le Conseil national de secours d’urgence et de réhabilitation (CONASUR). Elle a également occasionné la fermeture de nombreuses écoles, centres de santé et de services administratifs.
Jamais le Burkina, jadis havre de paix, n’avait connu une situation sécuritaire aussi catastrophique. Le chef de l’État, Roch Marc Christian Kaboré, s’emploie, à coup de milliards de F CFA, à former et à équiper les forces de défense et de sécurité (FDS), pour contrer les assaillants, mais la tâche ne semble pas aisée. Une loi de programmation militaire d’un coût de plus 700 milliards F CFA, pour la période 2018-2022, est actuellement mise en œuvre. Même avec l’apport des Volontaires pour la défense (VDP), les agressions continuent. Chaque jour, des individus sont enlevés, blessés ou tués, des biens privés et des édifices publics sont saccagés ou incendiés. Au départ, les actes terroristes ont commencé à Ouagadougou, avant d’atteindre certaines régions (Sahel, Est, Centre-Nord).
De nos jours, ils se sont étendus à l’ensemble du territoire. Les terroristes gagnent manifestement du terrain. Cette triste réalité provoque la colère de certaines organisations de la société civile et de l’opposition, qui dénoncent l’ « incapacité » du régime Kaboré à gérer la crise sécuritaire. L’opposition, qui s’était quelque peu emmurée dans un silence, est montée au créneau, lors d’une conférence de presse, le 9 novembre dernier. « Si dans un délai d’un mois, rien de sérieux et de concret n’est entrepris pour maîtriser la situation sécuritaire, l’opposition politique, en concertation avec des organisations soucieuses de l’avenir de la nation, appellera à des manifestations fortes pour exiger purement et simplement la démission immédiate du chef de l’État et de son gouvernement », a déclaré son chef de file et président du CDP, ex-parti au pouvoir, Eddie Komboigo. Le Président Marc Christian Kaboré avait pourtant tenu compte des griefs des opposants, en opérant, le 30 juin dernier, un remaniement ministériel, qui a vu le départ des ministres chargés de la Défense nationale d’alors, Moumina Chériff Sy et de la Sécurité, Ousséni Compaoré, vivement critiqués. A l’occasion, il avait lui-même repris le portefeuille de la Défense, occupé momentanément au début de son premier mandat, se faisant seconder par le colonel-major, Aimé Barthélémy Simporé, promu depuis lors au grade de général de brigade. Mais, cette reprise du ministère de la Défense en main par le locataire du palais de Kosyam n’aura été que de courte durée. Après des changements à la tête de l’armée, qui ont consacré la promotion du général Gilbert Ouédraogo comme chef d’Etat-Major Général des Armées, en remplacement de Moise Miningou, Roch Kaboré s’est déchargé à nouveau des fonctions de ministre de la Défense. Le 14 octobre dernier, il a confirmé le Gal Simporé, qui le secondait à ce poste.
Celui-ci a désormais les pleins pouvoirs pour dérouler la nouvelle stratégie sécuritaire mise au point pour ramener la quiétude dans le pays. Le Gal Simporé, faut-il le souligner, est le premier militaire à intégrer le gouvernement, depuis l’arrivée de Roch Kaboré au pouvoir. Ces réaménagements permettront-ils d’avoir de bons résultats dans la lutte contre le terrorisme ? On pourrait spéculer… En vérité, les Burkinabè n’espèrent qu’une chose : le retour de la paix dans leur pays…
Confidentiel Afrique