Le président de la Russie a décidé hier d’attaquer militairement l’Ukraine. Une décision qui fait couler beaucoup d’encre et de salive. Une guerre qui, manifestement, sera lourde de nombreuses conséquences surtout en Afrique. En effet, cette crise pourrait avoir un effet dévastateur sur certains Etats africains, menaçant leurs économies.
Le prix du pétrole a déjà dépassé les 100 dollars le baril pour atteindre son plus haut niveau depuis 2014. Les budgets des pays producteurs de pétrole comme le Nigéria et l’Angola pourraient bénéficier d’un coup de pouce grâce à la hausse des prix, mais le coût des transports risque d’augmenter pour les habitants du continent. Cela aura un effet d’entraînement sur les prix de presque tous les autres produits de consommation courante. «La hausse des prix des denrées alimentaires à l’échelle mondiale et celle des prix de l’énergie, qui font grimper l’inflation, constituent une double menace. Et lorsque les banques centrales réagissent en relevant les taux d’intérêt, cela devient une triple peine», a déclaré Charlie Robertson, économiste en chef mondial chez Renaissance Capital. Mais le rédacteur en chef de la publication «Africa Confidential» basée au Royaume-Uni, Patrick Smith, a déclaré que la guerre offrait d’énormes opportunités aux pays producteurs de pétrole et de gaz. «L’Europe doit rapidement trouver des alternatives au gaz russe, et les alternatives les plus fiables se trouvent en Afrique. C’est une excellente occasion pour les États africains d’intervenir et de conclure rapidement de nouveaux accords».
A l’en croire, le plus grand danger auquel l’Afrique est confrontée est la hausse probable des prix du pain, d’autant que la Russie et l’Ukraine fournissent environ 30% du blé mondial. «Le prix du pain a été un moteur de l’instabilité politique, et a déclenché le printemps arabe. Les pays du Maghreb (l’Égypte, la Tunisie, le Maroc, la Libye et l’Algérie), qui dépendent fortement du blé, pourraient être les plus touchés par le resserrement de l’offre et la hausse des prix», a déclaré M. Smith. Le Kenya s’inquiète également de l’impact que la guerre – et les sanctions financières à l’encontre de la Russie – pourraient avoir sur son industrie vitale du thé. La Russie figure parmi les cinq premiers consommateurs de son thé, ce qui aide le Kenya à gagner des devises étrangères. «Le thé et les autres boissons sont classés dans la catégorie des produits alimentaires et ne devraient normalement pas être affectés par les sanctions commerciales», a souligné Edward Mudibo, directeur général de l’East Africa Tea Traders Association (EATTA). Toutefois, il a ajouté que certains négociants ne veulent pas prendre le risque de voir la Russie exclue des systèmes de paiement internationaux.
LA SECURITE DES ETUDIANTS AFRICAINS EN UKRAINE MENACÉE
Grâce à ses frais de scolarité abordables et à ses liens avec l’Afrique remontant à l’ère soviétique, l’Ukraine est une destination de choix pour les étudiants africains qui sont des milliers à étudier dans ses universités, notamment en médecine. D’autres Africains vivent et travaillent également en Ukraine. Avec l’éclatement de la guerre, leur sécurité suscite de plus en plus de nombreuses inquiétudes. Le ministère ghanéen des Affaires Etrangères a exhorté ses plus de 1000 ressortissants à se “réfugier” chez eux ou dans des abris désignés par le gouvernement. Mais la National Union of Ghana Students a appelé le gouvernement à organiser leur évacuation, affirmant que la guerre exige une réponse similaire à celle qui a été prise lors de la première pandémie de coronavirus. «Nous pensons que le modèle utilisé pour l’évacuation des étudiants de Chine au plus fort de la pandémie de Covid-19 pourrait être adopté dans ce cas également», a-t-il déclaré dans un communiqué. Les pays africains qui comptent le plus d’étudiants en Ukraine sont le Maroc (8 000), le Nigeria (4 000) et l’Égypte (3 500). Ils constituaient- comme le souligne la publication panafricaine Quartz- près de 20% de tous les étudiants étrangers étudiant en Ukraine en 2020. Le ministère nigérian des Affaires étrangères a déclaré avoir “reçu avec surprise” la nouvelle de l’incursion de la Russie, et que des mesures étaient prises pour assurer la sécurité de ses ressortissants en Ukraine et “faciliter l’évacuation de ceux qui souhaitent partir” dès la réouverture des aéroports.
L’As