La France organise ce jeudi 10 mars un sommet informel des dirigeants européens dans le cadre très prestigieux du château de Versailles près de Paris. Un sommet consacré bien entendu à l’Ukraine. Avec deux questions centrales : la réduction de la dépendance au gaz et au pétrole russe, et le renforcement des liens avec l’Ukraine.
La guerre en Ukraine aura douloureusement mis le doigt sur la grande faiblesse énergétique de l’Europe. Dépendante à 45% du gaz russe, à 25% du pétrole russe, les pays de l’UE sont incapables, comme l’ont fait les Etats-Unis, d’annoncer un embargo sur les hydrocarbures vendues par Moscou.
Pour y remédier, les 27 vont donc accélérer pour réduire cette dépendance dans les années à venir. Mais à quelle échéance, et surtout par quels moyens ? Ils devront s’accorder sur trois choses : accroître les importations de gaz naturel liquéfié, activer tous les leviers pour faire des économies d’énergie et accélérer la décarbonation des économies. La France l’annonce d’emblée, elle compte miser sur le nucléaire et les énergies renouvelables.
« Nous devons nous préparer pour le prochain hiver »
La dépendance aux énergies russes est une question d’autant plus brûlante que l’UE se prépare au retour de bâton de la part de Moscou suite aux sanctions annoncées ces deux dernières semaines.« Je pense que nous devons nous préparer pour le prochain hiver, a confirmé ce mercredi à Strasbourg la Première ministre estonienne Kaja Kallas. Nous devons trouver des alternatives. La Commission européenne est déjà au travail pour trouver différentes alternatives en matière de source d’énergie. Mais il est vrai que pour certains pays ça va être plus compliqué, comme par exemple la Bulgarie, si je ne me trompe pas, qui dépend à 100% du gaz russe. »
Ce sujet qui n’était pas inscrit à l’ordre du jour sera bien à l’agenda ce jeudi selon la présidente du Parlement européen Roberta Metsola. « C’est définitivement un sujet sur lequel nous devrons discuter lors du sommet informel de ce jeudi. Nous devons comprendre les inquiétudes de nos citoyens, leur montrer notre solidarité, particulièrement avec les membres de l’Union européenne qui seront plus touchés que d’autres. »
Si l’Europe se veut rassurante, ses dirigeants s’attendent tout de même à des mois compliqués si la Russie mettait fin à ses exportations de gaz en Europe comme l’a encore confirmé ce mercredi Josep Borrell, le Haut représentant de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité.
Ce sommet est vu comme le commencement d’une nouvelle ère avec des réflexions pour le long terme. Notamment sur l’approvisionnement dans des secteurs clés comme les matières premières, les protéines végétales ou les semi-conducteurs.
L’objectif de ce sommet est de coordonner une réponse économique. Après le plan de relance Covid, un autre plan permettant d’augmenter et de mutualiser les investissements dans les domaines de la défense et de l’énergie est envisagé.
Rapprochement avec l’Ukraine
Mais un autre sujet incontournable sera également abordé lors de ce sommet : celui de l’arrimage de l’Ukraine à l’Union européenne. Paris ne veut pas d’une adhésion accélérée, c’est un processus qui demande des années et l’Ukraine a besoin de solutions rapides explique la présidence française. C’est donc de ces solutions rapides que les 27 discuteront à Versailles.
Selon une source européenne citée par l’agence Reuters plusieurs options sont à l’étude dont un renforcement des liens entre l’Ukraine et le marché unique européen et la connexion du pays au réseau énergétique de l’UE.