Le groupe français TotalEnergies s’engage à ne plus acheter de pétrole et de produits pétroliers russes « au plus tard à la fin de l’année 2022 ». Le groupe pétrolier promet des sources alternatives pour approvisionner l’Europe. Depuis le début de la guerre en Ukraine, la pression ne cessait de s’accentuer sur TotalEnergies qui avait condamné « l’agression militaire de la Russie envers l’Ukraine » mais avait maintenu ses activités sur place.
La plupart des géants pétrogaziers occidentaux, Shell, ExxonMobil, BP avaient annoncé un retrait de Russie, TotalEnergies tentait de sauver la mise depuis plusieurs semaines, le temps que la tempête retombe. Mais les critiques n’ont fait que s’accumuler : les ONG écologistes ont multiplié les attaques alors que le candidat Europe Écologie Les Verts (EELV) à l’élection présidentielle, Yannick Jadot, est allé jusqu’à accuser l’entreprise de complicité de « crime de guerre ».
Cette fois-ci, le pétrolier français a donc cédé et explique dans un communiqué que « face à l’aggravation du conflit », des mesures complémentaires sont prises afin « d’agir de manière responsable ». TotalEnergies arrêtera donc tout achat de pétrole ou produits pétroliers russes « au plus tard à la fin de l’année », alors même que l’Union européenne n’a pas imposé d’embargo sur l’or noir.
Alors que l’Europe importe 12% de son diesel de Russie, le groupe prévoit ainsi des importations d’autres continents en substitution, notamment de la raffinerie saoudienne Satorp, dont il est actionnaire avec Aramco.
Le groupe va aussi suspendre progressivement ses activités en Russie, mais refuse pour le moment de céder ses participations dans ses actifs gaziers. Même s’il n’apportera « plus de capital » au mégaprojet d’usine de gaz naturel liquéfié (GNL) Artic LNG 2, dont la mise en route était jusqu’alors prévue pour 2023, il « continue à assurer l’approvisionnement de l’Europe en GNL à partir de l’usine de Yamal LNG », ce site géant de liquéfaction de gaz dans le nord du pays qui produit, depuis décembre 2017, près de 18 millions de tonnes de GNL par an, soit 16,6% de la production annuelle de gaz de TotalEnergies en 2020.
Pour cause, l’entreprise « se trouve liée par des contrats longs termes qu’elle se doit d’honorer tant que les gouvernements considèrent que le gaz russe est nécessaire », précise TotalEnergies dans son communiqué.
Pour se justifier, le groupe met en avant la décision de l’Union européenne de maintenir, à ce stade, l’approvisionnement en gaz russe, qui représente plus de 80% de la production d’hydrocarbures de TotalEnergies dans le pays, malgré la guerre en Ukraine. De fait, Moscou continue d’alimenter abondamment en combustibles fossiles le Vieux Continent, qui lui a fourni en échange près de 17 milliards d’euros depuis le début du conflit, le 24 février dernier.
(Avec AFP)