Au 28e jour de l’invasion en Ukraine, mercredi 23 mars, les forces russes ne contrôlent ni Kiev, ni la grande ville portuaire du sud, soumis à un blocus depuis des semaines. Le Parlement français attend l’intervention en visioconférence du président Volodymyr Zelensky.
Les points essentiels :
► Les troupes russes tentent toujours d’encercler Kiev. Les bombardements se sont poursuivis mardi sur nombre de villes ukrainiennes : Kharkiv, Marioupol, Odessa, Mykolaïv, sans avancée stratégique majeure.
► Deux « bombes superpuissantes » ont frappé Marioupol, selon les autorités de la grande ville portuaire ravagée par les bombardements russes où 100 000 civils seraient toujours coincés, dans des « conditions inhumaines », selon le président Zelensky. Les autorités ont annoncé un nouvel effort pour tenter de les évacuer.
► Le président ukrainien s’exprimera en visioconférence devant les élus du Parlement français ce mercredi 23 mars à partir de 14h TU pour obtenir un soutien plus poussé de la France face à la guerre menée par la Russie. Il doit aussi s’adresser au Parlement japonais plus tôt dans la journée.
► Moscou n’utilisera l’arme nucléaire en Ukraine qu’en cas de « menace existentielle » contre la Russie, a déclaré mardi le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov sur CNN International.
Les horaires sont donnés en temps universel (TU)
10h45 : Devant le Parlement japonais, Volodymyr Zelensky demande des réformes pour l’ONU
Prenant la parole via la vidéo-conférence devant le Parlement japonais, M. Zelensky s’est félicité que le Japon soit « la première nation en Asie à avoir fait pression » sur la Russie. « Je vous demande de continuer à imposer des sanctions », a-t-il dit, alors que Tokyo s’est départi de sa prudence habituelle en se joignant très vite aux mesures punitives des Occidentaux contre Moscou.
« Ni les Nations unies, ni le Conseil de sécurité n’ont fonctionné. Des réformes sont requises », a lancé le dirigeant ukrainien. « Nous avons besoin d’un outil pour assurer de manière préemptive la sécurité mondiale. Les organisations internationales existantes ne fonctionnent pas dans ce but. Nous devons donc développer un nouvel outil préemptif qui puisse réellement arrêter les invasions », a-t-il assuré.
« Personne ne se sentira en sécurité tant que cette guerre n’est pas terminée et que la paix n’est pas revenue », a poursuivi Volodymyr Zelensky, avant d’ajouter: « Faisons des efforts pour que la Russie veuille et recherche la paix. Des interdictions de commerce avec la Russie doivent être introduites pour arrêter le tsunami de l’invasion contre l’Ukraine. »
Le président ukrainien a profité de son discours devant le Parlement au Japon, encore hanté par la catastrophe de Fukushima en 2011, pour souligner les dangers auxquels son pays fait face avec les attaques russes contre les centrales nucléaires et le site de Tchernobyl. « En haut des réacteurs brisés se trouvent (…) des installations de traitement actives pour les matériaux nucléaires. La Russie a transformé ce site en une zone de guerre », a-t-il déclaré, avertissant qu’il faudrait des années pour évaluer les possibles effets environnementaux de l’occupation de Tchernobyl par la Russie.
Volodymyr Zelensky a également répété des affirmations de Washington selon lesquelles la Russie pourrait se préparer à utiliser des armes chimiques, sans toutefois fournir de preuves précises. « Je reçois des informations selon lesquelles la Russie prépare des attaques à l’aide d’armes chimiques telles que le gaz sarin, exactement comme en Syrie », a-t-il affirmé devant les parlementaires à Tokyo, qui a été le théâtre d’une attaque au gaz sarin en 1995 par des membres de la secte Aum.
10h31 : « L’enjeu est sur le pétrole et non sur le gaz »
Le groupe français TotalEnergies s’est engagé à ne plus acheter de pétrole et de produits pétroliers russes « au plus tard à la fin de l’année 2022 ». Le groupe pétrolier promet des sources alternatives pour approvisionner l’Europe. Depuis le début de la guerre en Ukraine, la pression ne cessait de s’accentuer sur TotalEnergies qui avait condamné l’agression militaire de la Russie envers l’Ukraine mais avait maintenu ses activités sur place.
Ce mercredi, le PDG de l’entreprise, Patrick Pouyanné, a indiqué qu’il ne pourrait en revanche pas céder ses actifs du le gaz russe. Pour Alexandre Andlauer, analyste financier chez Kpler, l’enjeu se situe aujourd’hui sur le pétrole qui constitue la majeur partie des exportations russes.
10h14 : Un embargo sur le gaz et le pétrole russes n’est « pas possible », selon Richard Ferrand
« Nous ne sommes pas prêts parce que ce n’est pas possible », a affirmé à l’antenne de France Inter le président de l’Assemblée nationale, ajoutant que « les sanctions servent à infléchir le pouvoir politique russe, elles ne servent pas à punir les Françaises ou les Français ou les autres Européens ». « Chaque fois que l’on peut durcir la position pour infléchir le pouvoir russe, il faut le faire, mais il ne s’agit pas d’assécher soudainement l’Europe, la France, l’industrie, tout ce qui fait que nous vivons », a argumenté RIchard Ferrand.
« Il n’y a pas de réponse de substitution si on décidait ça demain ou après-demain. Que l’on aille de manière progressive vers une diminution de nos approvisionnements au point que cela affaiblisse la Russie, oui, mais il ne serait pas honnête de dire : « demain matin on décide cela » », a-t-il conclu.
9h58 : Un quartier résidentiel de Kiev bombardé
Un pompier ukrainien tente d’éteindre l’incendie qui ravage une maison après une frappe, à Kiev, le 23 mars 2022. AP – Vadim Ghirda
Des tirs d’artillerie se sont abattus en début de matinée mercredi sur le quartier Nyvky, dans la partie de la capitale ukrainienne la plus proche de la ligne de front à environ cinq kilomètres, a constaté l’AFP. Une maison a été totalement détruite et incendiée, plusieurs immeubles ont été grêlés de shrapnels et leurs vitres soufflées, a-t-on constaté. Des vitrines de commerces voisins ont été également brisées et des arbres de ce quartier résidentiel décapités.
La frappe a blessé quatre personnes, selon un communiqué de l’administration de la ville de Kiev. « L’ennemi a de nouveau bombardé. (…) Le district de Shevchenkivskyi a essuyé des tirs dans la matinée. Les secouristes sont actuellement sur place pour tenter d’éteindre plusieurs incendies dans des maisons privées et des immeubles de grande hauteur », a indiqué la ville.
09h25 : L’Ukraine appelle les Occidentaux à livrer des armes « offensives »
Le chef de cabinet du président ukrainien a appelé les Occidentaux à livrer « des armes offensives », un « moyen de dissuasion » face à Moscou, avant un sommet extraordinaire de l’Otan consacré à l’invasion de l’Ukraine par la Russie et auquel Volodymyr Zelensky s’adressera par visioconférence.
« Nos forces armées et nos citoyens tiennent bon avec un courage surhumain, mais on ne peut pas gagner une guerre sans armes offensives, sans missiles à moyenne portée, qui peuvent être un moyen de dissuasion », a plaidé Andriy Yermak, dans une vidéo publiée mardi soir sur Telegram.
« Sans un programme du type « Lend-Lease », nous ne pouvons que nous défendre », a-t-il fait valoir, en référence au programme d’armement mis en place par les États-Unis au début de la Deuxième guerre mondiale pour aider militairement les pays alliés. « Il est impossible de se défendre efficacement pendant longtemps sans un système de défense aérienne fiable, capable d’abattre des missiles ennemis à longue portée », a argué M. Yermak.
Pourtant, « on ne nous les donne pas », a-t-il déploré. « Tout comme ils ne nous donnent pas d’avions », a-t-il ajouté, une demande à ce stade systématiquement rejetée par les Occidentaux qui ne veulent pas intervenir militairement en Ukraine par crainte d’un élargissement du conflit avec la Russie. « Cette peur de l’escalade est compréhensible, mais elle n’aidera pas », a-t-il dit.
Au cœur des discussions entre les membres de l’Alliance devrait figurer la question de l’aide militaire à fournir à Kiev, notamment les systèmes de défense anti-aérienne nécessaires pour contrer la domination dans les airs de l’armée russe.
09h18 : La Pologne soupçonne 45 diplomates russes d’espionnage
Les services de contre-espionnage polonais ABW ont annoncé mercredi avoir identifié 45 diplomates russes soupçonnés d’espionnage. « L’agence de sécurité interne a dressé une liste de 45 personnes travaillant en Pologne sous couvert d’activités diplomatiques (…) qui mènent de fait une activité d’espionnage dirigée contre la Pologne », a déclaré à la presse Stanislaw Zaryn, porte-parole d’ABW.
La liste a été remise mercredi au ministère des Affaires étrangères, a-t-il déclaré. Sur Twitter, il a précisé que « l’ABW demande de les expulser du territoire polonais ».