La justice birmane a reconnu mercredi l’ancienne dirigeante Aung San Suu Kyi coupable de corruption et l’a condamnée à cinq ans de prison. La lauréate du prix Nobel de la paix est visée par une cascade de procédures judiciaires visant à l’exclure définitivement de l’arène politique.
L’ex-dirigeante birmane Aung San Suu Kyi a été condamnée, mercredi 27 avril, à cinq ans de prison dans une affaire de corruption, selon une source au fait de la question préférant conserver l’anonymat.
Le verdict dans cette affaire, où elle est accusée d’avoir perçu des pots-de-vin, avait été reporté lundi. Il était attendu mardi, selon cette source, mais il a finalement été rendu mercredi.
Série de procédures judiciaires
La prix Nobel de la paix 1991, âgée de 76 ans, est détenue depuis le coup d’État militaire du 1er février 2021 qui a renversé son gouvernement civil et mis fin à une décennie de transition démocratique en Birmanie.
L’ex-dirigeante fait face au total à dix accusations de corruption, chacune passible de quinze ans de prison. Elle est visée par une cascade de procédures judiciaires pour des accusations allant de la violation d’une loi sur les secrets d’État datant de l’époque coloniale à la fraude électorale, la sédition, la corruption… Elle risque au total plus de 150 ans de prison si elle est condamnée pour chacun de ces chefs d’accusation.
Aung San Suu Kyi avait été inculpée pour corruption en juin 2021, accusée notamment d’avoir perçu illégalement 600 000 dollars et onze kilos d’or de l’ancien ministre en charge de la région de Rangoun, Phyo Min Thein, avait indiqué en juin dernier le journal officiel The Global New Light of Myanmar.
Elle a déjà été condamnée à six ans de prison, notamment pour non-respect des restrictions liées à la pandémie de Covid-19 et incitation aux troubles publics.
Placée en résidence surveillée
Interpellée au matin du coup d’État, elle a été placée en résidence surveillée dans un lieu tenu secret où elle purge le début de sa peine et doit rester le temps du procès.
Ce dernier se tient à huis clos, ses avocats ayant interdiction de parler à la presse et aux organisations internationales.
De nombreux observateurs dénoncent cette procédure uniquement motivée, selon eux, par des considérations politiques : exclure définitivement Aung San Suu Kyi, fille du héros de l’indépendance et grande gagnante des élections de 2015 et de 2020, de l’arène politique.
Aung San Suu Kyi a passé près de quinze ans en résidence surveillée sous les précédentes dictatures militaires.
Plusieurs de ses proches ont déjà été condamnés à de lourdes peines : la peine capitale pour un ex-parlementaire, 75 ans de prison pour un ancien ministre, 20 ans pour un de ses collaborateurs. D’autres se sont exilés ou sont entrés en clandestinité.
Le coup d’État a fait plonger le pays dans le chaos. Près de 1 800 civils ont été tués par les forces de sécurité et plus de 13 000 arrêtés, d’après un groupe local. Des milices ont pris les armes contre la junte à travers toute la Birmanie.