Le patron de Frontex, le Français Fabrice Leggeri, a présenté jeudi sa démission de l’agence européenne de garde-côtes et de garde-frontières, qui était examinée par le conseil d’administration vendredi, a confirmé la Commission européenne.
Directeur exécutif de Frontex depuis 2015, Fabrice Leggeri a été visé par un rapport de l’Olaf qui, selon Le Point, lui reproche en substance de « ne pas avoir respecté les procédures, s’être démontré déloyal vis-à-vis de l’Union européenne et un mauvais management personnel ».
Cette enquête intervient sur fond d’accusations régulières, notamment de la part d’ONG ces dernières années, de pratiques de refoulements illégaux de migrants (dits « pushbacks ») et de complaisance envers les autorités grecques, par exemple, sur des renvois brutaux vers la Turquie.
Mercredi encore, une enquête publiée par le quotidien Le Monde et Lighthouse Reports a démontré qu’entre mars 2020 et septembre 2021, Frontex a répertorié des renvois illégaux de migrants, parvenus dans les eaux grecques, comme de simples « opérations de prévention au départ, menées dans les eaux turques ».
En sept ans à la tête de Frontex, qui doit surveiller les frontières extérieures de l’UE, Fabrice Leggeri a accompagné le renforcement de l’agence qui a été considérablement musclée et dont les effectifs doivent atteindre 10.000 garde-côtes et garde-frontières d’ici 2027.
Dans le courrier où il annonce remettre son mandat au comité de gestion de l’agence, M. Leggeri affirme que depuis son élection et sa reconduction en 2019, le mandat de Frontex a été modifié « tacitement mais effectivement », ce qu’a réfuté la Commission européenne.
La gauche du Parlement européen, en particulier, réclamait la démission de M. Leggeri depuis l’automne 2020, à la suite d’une enquête journalistique internationale qui impliquait Frontex dans plusieurs refoulements en mer Egée.
Des avions de l’agence européenne auraient assisté sans réagir à des renvois de bateaux de réfugiés des eaux grecques vers la Turquie. Les accusations, niées par Athènes, ont entrainé de vives réactions et l’ouverture de plusieurs enquêtes, mais Frontex faisait valoir toute absence de preuve. Des recours ont aussi été déposés auprès de la Cour de justice de l’UE. Début 2021, l’agence de garde-frontières avait suspendu ses opérations en Hongrie suite à une décision de la Cour de justice européenne.
Outre des accusations de refoulements illégaux, Frontex doit faire face à une remise en cause de ses compétences dans la lutte contre la criminalité transfrontalière et l’immigration illégale. La Cour des comptes européenne dénonce son manque d’efficacité et doute de sa capacité à réagir rapidement aux menaces.
Ylva Johansson a elle fustigé les nombreuses carences au sein de Frontex. La commissaire européenne aux Affaires intérieures a notamment critiqué la lenteur du recrutement des vice-directeurs exécutifs et des quarante officiers chargés de surveiller le respect des droits fondamentaux.