Chine: nouvelles révélations sur la répression des Ouïghours durant la visite de l’ONU

Chine: nouvelles révélations sur la répression des Ouïghours durant la visite de l’ONU
In this photo released by Xinhua News Agency, Chinese Foreign Minister Wang Yi, right, meets with the United Nations High Commissioner for Human Rights Michelle Bachelet in Guangzhou, southern China's Guangdong Province on Monday, May 23, 2022. (Deng Hua/Xinhua via AP)

Michelle Bachelet est la première responsable onusienne des droits de l’Homme à se rendre en Chine depuis 2005. Au milieu de cette visite strictement encadrée, une série de clichés édifiants sur les détenus des « camps de rééducation » chinois a été dévoilée par plusieurs médias.

Mardi, un consortium de 14 médias étrangers a publié des documents qu’il dit provenir du piratage d’ordinateurs de la police du Xinjiang, où Pékin est accusé de mener une répression féroce contre les musulmans ouïghours.

Ceux-ci jettent une lumière crue sur la situation des musulmans ouïghours. Parmi eux figurent des milliers de photographies présentées comme ayant été prises dans des « camps de détention » et montrant les visages de nombreux « détenus », dont des femmes, des mineurs et des personnes âgées.

Plus de 2.800 photos d’identité de détenus comprennent celle de Zeytunigul Ablehet, une adolescente de 17 ans arrêtée pour avoir écouté un discours interdit, et de Bilal Qasim, 16 ans, apparemment condamné pour ses liens avec d’autres prisonniers. Une femme hagarde et amaigrie, du nom d’Anihan Hamit, 73 ans au moment de son arrestation, est la plus âgée de la liste.

Le Xinjiang (nord-ouest), longtemps frappé par des attentats attribués à des séparatistes et des islamistes ouïghours, fait l’objet depuis quelques années d’une répression menée au nom de l’antiterrorisme.

Un déplacement ardu pour l’ONU
Ces révélations surviennent au moment où la cheffe de l’ONU pour les droits de l’Homme, Michelle Bachelet, entame une visite extrêmement attendue au Xinjiang, après des années d’âpres négociations avec Pékin sur les termes de sa visite.

Ce déplacement s’annonce ardu pour l’ex-présidente chilienne, qui sera soumise à une bulle sanitaire et ne pourrait ne pas bénéficier d’un accès libre, soulignent des observateurs. Ouïghours de la diaspora et associations de défense des droits de l’Homme ont exhorté Mme Bachelet à ne pas se laisser entraîner dans une opération de communication.

La responsable de l’ONU devait se rendre dans la capitale régionale Urumqi ainsi qu’à Kashgar, où la population ouïghoure est majoritaire et la campagne sécuritaire réputée être particulièrement féroce. Selon ses services, l’ex-présidente chilienne discutera avec des membres de la société civile travaillant sur les droits de l’Homme.

« Les questions liées aux droits de l’Homme ne doivent pas être instrumentalisées ou avoir deux poids deux mesures », a averti mercredi Xi Jinping. « Chaque pays a une situation différente » qui dépend de son histoire, de sa culture et de son développement économique, a relevé l’homme fort de Pékin.

Washington accuse régulièrement Pékin d’être responsable d’un « génocide » au Xinjiang. La Chine dénonce le « mensonge du siècle et présente les camps comme des « centres de formation professionnelle » destinés à combattre l’extrémisme religieux.

rfi