L’invasion de l’Ukraine par la Russie contraint l’Europe à des revirements subits. Cela vaut surtout en Allemagne, qui doit revoir sa politique énergétique et militaire très rapidement. Les débats y sont aussi nombreux sur les erreurs qui ont pu être faites dans le passé dans les relations avec la Russie de Vladimir Poutine.
Avec notre correspondant à Berlin, Pascal Thibaut
La chancelière Merkel, qui a gouverné l’Allemagne durant seize ans jusqu’à l’automne dernier, n’est pas épargnée par ces discussions. Sa première prise de parole depuis l’élection de son successeur Olaf Scholz était très attendue.
« Je n’ai pas à m’excuser », a-t-elle déclaré. Pour sa première interview depuis son départ du pouvoir il y a six mois, Angela Merkel a longuement évoqué l’invasion de l’Ukraine et la politique russe qu’elle a menée durant seize ans. La responsabilité des sociaux-démocrates, à commencer par celle de l’ancien chancelier Gerhard Schröder, suscite des débats. Celle d’Angela Merkel également. L’ex-cheffe du gouvernement a estimé ne s’être jamais fait d’illusion sur Vladimir Poutine. L’ancienne chancelière a défendu son refus d’une adhésion de l’Ukraine à l’Otan en 2008 : « Le pays n’était pas ancré dans la démocratie, Poutine en aurait tiré prétexte pour une agression. »
Angela Merkel a, en outre, défendu les accords de Minsk après l’annexion de la Crimée : « Un compromis qui n’était pas optimal, mais sans lequel Poutine aurait sans doute poursuivi son invasion de l’Ukraine. » Angela Merkel a, par ailleurs, déclaré avoir toujours voulu défendre les intérêts de Kiev et a dénoncé vigoureusement l’invasion russe et salué le courage du président Zelensky. Alors que la politique de son successeur Olaf Scholz est très critiquée en Allemagne et ailleurs, Angela Merkel a affirmé avoir confiance dans la politique étrangère menée par l’actuel chancelier.