Comme à Port-au-Prince, aux Cayes et au Cap-Haïtien, la ville des Gonaïves s’est réveillée sous tension lundi 22 août. De nombreux citoyens ont investi les rues pour dénoncer la cherté de la vie, la montée vertigineuse du dollar américain par rapport à la gourde, et réclamer le départ immédiat du Premier ministre haïtien Ariel Henry.
Toutes les activités commerciales sont au point mort. C’est une ville couverte de fumée noire, des barricades sont enflammées, érigées à chaque coin de rues. Sur leur parcours, les manifestants ne cessent de scander « si les prix des produits de première nécessité ne baissent pas, l’école ne rouvrira pas ses portes en septembre prochain ». Tee-shirt blanc autour du cou, chapeau de paille sur la tête, cet homme exprime son ras-le-bol.
« Aujourd’hui, nous sommes dans la rue pour envoyer un signal aux autorités, dit-il. Demain, nous serons encore dans les rues. Tous les magasins doivent garder leurs portes fermées. Nous exigeons le départ d’Ariel Henry. Après déjà plus d’un an au pouvoir, il ne peut rien faire pour nous. Il avait dit qu’il pouvait réaliser des élections, il n’y a toujours pas eu d’élections. Et s’il n’y a pas d’élections, le pays n’ira nulle-part. »
« Nous mourrons tous de faim »
Au milieu d’un groupe de manifestants, à l’arrière de la foule, cette mère célibataire de huit enfants ne décolère pas. « Quand tu as 1 000 gourdes en poche, tu ne peux rien acheter avec. Nous mourrons tous de faim. On ne peut plus acheter une barre de savon de lessive à 60 gourdes, une livre de détergent se vend 80 gourdes. Mes enfants circulent dans les rues avec des vêtements sales. Il n’y a pas de travail dans le pays. Il faut mettre le feu partout pour chasser Ariel Henry du pouvoir », estime-t-elle.
Assis au guidon de sa motocyclette, accompagné d’un homme muni d’un gourdin, ce chauffeur de taxi-moto dit ne plus pouvoir accepter ces conditions de vie. « Imaginez-vous, les directeurs d’école annoncent la réouverture des classes le 5 septembre. Mais ils ont augmenté les frais scolaires. Que vont faire les parents pour payer ? »
Les manifestants donnent jusqu’à vendredi 26 août aux autorités pour répondre à leurs revendications, faute de quoi, ils menacent de vandaliser les magasins.