Le dernier bilan des inondations au Pakistan fait état de 1 136 morts. Un tiers du territoire est sous les eaux après que des quantités d’eau exceptionnelles sont tombées sur le pays qui connaît depuis mi-juin des pluies de mousson dévastatrices. Certains hôpitaux ont vu le nombre de leurs patients augmenter de 70% ces dernières semaines.
Avec notre envoyée spéciale à Sukkur, Sonia Ghezali
Le Dr Nasrullah Soomro est à la tête de l’hôpital civil de Sukkur, dans le sud du Pakistan. Un hôpital sur la ligne de front des inondations particulièrement meurtrières dans la province du Sind. Le médecin s’approche d’un lit. Le patient a un bras bandé. Cet homme travaillait lorsque les pluies diluviennes ont fait céder la bâtisse.
Médecin : « Vous êtes-vous évanoui lorsque le toit est tombé ? »
Patient : « Non, je ne me suis pas évanoui, je n’ai pas compris ce qui se passait. »
Médecin :« Comment vont vos collègues ? »
Patient : « L’un d’eux va bien. »
Médecin : « Et l’autre qui a été blessé et qui a été transporté ici avec vous ? »
Patient : « Il est mort. »
Médecin : « Je suis désolé. »
Le spectre des épidémies
Le personnel médical intervient auprès des blessés mais le Dr Nasrullah est particulièrement préoccupé par d’autres conséquences liées aux pluies diluviennes. « En raison des pluies abondantes qui ne cessent de tomber, de nombreuses maladies font leur apparition, explique-t-il : nous avons des cas de paludisme et nous craignons qu’une épidémie de choléra ne se déclare. À cela s’ajoute la promiscuité dans laquelle vivent les rescapés qui s’entassent dans des camps et des abris. Vu ces conditions, on s’inquiète par rapport au Covid-19. On craint que le virus se répande parmi les survivants. On fait de notre mieux pour faire face à tout cela, on travaille en coordination avec les autorités locales pour faire front et intervenir du mieux que l’on peut. »