La procureure générale du Pérou a déposé mardi 11 octobre un recours constitutionnel accusant le président Pedro Castillo du délit d’organisation criminelle de corruption, une action pouvant entraîner la suspension du chef d’État de gauche. «Je formule un recours constitutionnel contre José Pedro Castillo Terrones, en sa qualité de président de la République, comme auteur présumé de délits contre la tranquillité publique sous la forme d’une organisation criminelle aggravée par sa qualité de dirigeant», a écrit Patricia Benavides, procureure générale, dans un document publié sur Twitter.
Ce recours, déposé au Parlement, vise également deux anciens ministres de Castillo, au pouvoir depuis quinze mois: Juan Silva, chargé des Transports et des Communications, et Geiner Alvarado, chargé du Logement. Ils sont soupçonnés de trafic d’influence et considérés comme parties intégrantes à la supposée organisation criminelle pilotée par le président.
C’est la première fois qu’un président en exercice est visé par un tel recours. «Il existe des preuves sérieuses de l’existence présumée d’une organisation criminelle au sein du palais présidentiel ayant pour objectif de capter, contrôler et diriger des processus de passation de marchés afin d’obtenir des gains illicites», a relevé Patricia Benavides, soulignant qu’il était de la «responsabilité exclusive et entière du Parlement de se prononcer sur le recours constitutionnel dans le cadre de la Convention des Nations unies sur la corruption.»
Réseau de corruption
Le Parlement doit examiner ce recours dans les prochains jours. Il faudrait au minimum 66 voix sur 130 pour suspendre Pedro Castillo, dont l’alliance parlementaire de gauche a du plomb dans l’aile et ne réunit qu’un tiers des députés. Le président bénéficie d’une immunité jusqu’à la fin de son mandat en juillet 2026 mais il peut faire l’objet d’enquêtes. Il est actuellement cité dans six enquêtes.
Le chef de l’État est soupçonné de diriger un réseau de corruption avec blanchiment d’argent et octroi de contrats publics au profit de proches et de responsables politiques. Sa belle-sœur Yenifer Paredes, 26 ans, a écopé de trente mois de détention préventive fin août pour son appartenance présumée à ce réseau. Son épouse Lilia Paredes et deux frères de celle-ci, Walter et David Paredes, font également l’objet d’enquêtes et une procédure pour les empêcher de sortir du pays pendant trois ans est en cours.
Pedro Castillo nie toutes les accusations contre sa famille et lui, affirmant être victime d’une campagne pour le chasser du pouvoir. La droite, majoritaire au Parlement, exige sa démission et a déjà tenté deux fois de le destituer.