L’instruction donnée par le Président Macky Sall « d’examiner, dans les meilleurs délais, les possibilités et le schéma adéquat d’amnistie pour des personnes ayant perdu leurs droits de vote » est antidémocratique. C’est ce qu’a semblé expliqué le Cercle des Cadres de La République des Valeurs (CECAR) dans un communiqué parcouru par« L’AS ». « Cette information glissée dans le communiqué augure sans doute la commission d’une énième forfaiture contre notre justice par le régime de Macky Sall. Le plus ridicule est que le projet d’amnistie annoncé vise des personnes – précisément Karim Wade et Khalifa Sall – dont leur traduction devant la justice relevait d’une demande sociale. Mais le doute est permis quant à l’intention qui était à la base de ces procès », rapporte le texte.
Selon le document, « à son élection en 2012, Macky Sall avait trouvé un pays assoiffé de Justice ». « Les Sénégalais lui avaient assez manifesté leur souhait d’une reddition des comptes effective et il pouvait compter dans cet élan sur le soutien nécessaire du peuple qui n’avait pas envie d’en savoir davantage lorsque l’on avait brandi en grandes pompes une liste d’une vingtaine de personnes qui auraient privé les Sénégalais de bonheur au profit des leurs ? Macky Sall a eu la belle occasion d’accomplir une mission historique très marquante, avec derrière lui tout un peuple qui avait tourné le regard vers le même objectif : la Justice. À la fin, non seulement il a échoué dans cette mission très facile de reddition des comptes, mais il a surtout commis l’irréparable au grand dam de notre pays », estime le Cercle des Cadres de La République des Valeurs.
Poursuivant, ces derniers ajoutent : « D’abord, il a eu une attitude fâcheuse qui a fini par renforcer le sentiment d’impunité au Sénégal. L’essentiel des personnes qui figurait dans la fameuse ‘’liste noire’’ ont été invitées à choisir entre aller en prison ou rejoindre le camp présidentiel. Inutile de rappeler l’option quasi-unanime qui fut la leur. Ensuite, le Sénégal avait engagé beaucoup de moyens dans ce projet de reddition des comptes sans que les fruits attendus ne soient au rendez-vous. Il arrivera un moment où Macky Sall et ses sbires devront rendre compte de l’utilisation qu’ils ont fait des importants moyens qu’ils s’étaient octroyés dans cette farce. La reddition des comptes relative à cette fallacieuse campagne de reddition des comptes est plus qu’une nécessité. Enfin, dans son projet funeste de se débarrasser d’adversaires politiques, Macky Sall a exposé à la face du monde une version honteuse de notre Justice sortie de sa cuisse ».
La réforme du code électoral est scandaleuse
Selon eux, le Sénégal qui était cité comme un modèle de gouvernance modérée par l’élégance de ses dirigeants était devenu la risée du monde. « Tout le monde avait alerté en vain : nos chefs religieux, les partenaires du Sénégal, les organismes de défense des droits de l’Homme, la justice internationale. Dans l’affaire Karim Wade, le Comité des droits de l’Homme de l’ONU indiquait en 2018 que le droit à un procès équitable du concerné avait été violé. La même année, la Cour de Justice de la CEDEAO, dans le dossier de Khalifa Sall, condamnait l’État du Sénégal qui avait commis l’absurdité de mettre en détention un député élu, alors même que son immunité parlementaire n’avait pas été levée. Malgré ces récurrents rappels à l’ordre venant d’entités distinctes, Macky Sall s’était obstiné à commettre ses forfaits en dégradant sciemment l’image du Sénégal », informe le communiqué.
Le Cercle des Cadres de La République des Valeurs juge aujourd’hui scandaleuse la réforme du Code électoral qui est attendue en vue de supprimer la disposition (article L.57) qui empêche d’être candidat à une élection alors qu’aucune juridiction n’a prononcé une peine complémentaire dans ce sens. « Aujourd’hui, une telle formule est scandaleuse dans une démocratie. Une décision aussi grave que l’interdiction de participer à une élection doit, si elle est reliée à une décision de justice, relever de la seule compétence du juge qui se trouve dans une position de neutralité suffisante. Macky Sall en était clairement conscient en modifiant le Code électoral pour écarter des candidats potentiels. Alors que la Constitution lui accorde le statut de gardien des Institutions, il s’en est montré indigne en occupant la station misérable de fossoyeur des Institutions », informe le texte.