Pour parler de la situation économique et des perspectives en Afrique de l’Ouest, le Fonds monétaire international (Fmi) n’y est pas allé par 4 chemins. « La reprise économique en Afrique subsaharienne a connu un coup d’arrêt brutal », déclare le Fmi. De ce fait, la croissance qui avait repris en 2021 après la Covid a connu une nouvelle chute en 2022. Elle passe de 4,7 l’an dernier à 3,6 cette année, soit une perte de plus d’un point.
Selon le Fmi, la guerre en Ukraine est à l’origine d’une hausse généralisée des prix, de la rareté des ressources et du ralentissement de l’économie mondiale. La sous-région est en train de payer un lourd tribut. « Le renchérissement des produits alimentaires et de l’énergie pénalise les populations les plus vulnérables de la région, tandis que la dette publique et l’inflation se situent à des niveaux inédits depuis des décennies », s’inquiète le Fonds.
Ainsi, d’après le Fmi, 123 millions de personnes dans cette zone sont en situation de grave insécurité alimentaire. En d‘autres termes, des vies sont mises en danger par la hausse des prix des denrées alimentaires et de l’énergie. Pour faire face, les Etats ont initié des mesures de soutien. Si le Fmi n’est pas contre, il n’en pense pas moins que ces mesures sont « moins bien ciblées et onéreuses ».
Par ailleurs, en plus d’une situation actuelle assez difficile, les perspectives restent « extrêmement incertaines ». Ainsi, le Fmi propose plusieurs mesures parmi lesquelles remédier à l’insécurité alimentaire, réorienter les politiques monétaires, mais aussi consolider les finances publiques sur fond de durcissement des conditions financières.
Sur ce dernier point, le Fmi étale son inquiétude. « La dette de la région s’approche de niveaux observés pour la dernière fois au début des années 2000, avant que l’initiative en faveur des pays pauvres très endettés n’ait produit ses effets ». Pendant ce temps, le Franc Cfa a perdu 10% de sa valeur par rapport au dollar entre décembre 2021 et juillet 2022.
Or, il faut bien payer les intérêts de la dette qui ne cesse de croître. « Au cours des prochaines années, les paiements d’intérêts, déjà élevés, augmenteront en pourcentage des recettes selon les projections. Ils dépasseront 50 % dans certains cas et seront largement supérieurs aux montants observés dans les autres régions », alerte le Fmi.