Les autorités iraniennes ont ordonné mercredi une enquête après la diffusion d’une vidéo montrant des policiers frappant violemment un homme. Malgré la brutalité de la répression, les manifestations se poursuivent, comme en témoigne une habitante de Téhéran.
Les images venues d’Iran sont difficilement soutenables. Comme cette vidéo, prise avec un téléphone portable et publiée sur les réseaux sociaux, qui montre une dizaine de membres des forces de sécurité assénant des coups de matraque et de pied à un homme au sol. L’homme tente au début de se protéger la tête avec ses mains mais les policiers continuent de le frapper. On entend le bruit d’un tir puis un policier semble rouler sur lui avec sa moto. La brigade abandonne finalement le corps inanimé.
Malgré la violence de la répression, qui a fait au moins 277 morts, selon l’ONG Iran Human Rights (IHR), basée à Oslo, les protestations pour demander la fin du régime islamique ne faiblissent pas. La colère est toujours vive un mois et demi après la mort de Mahsa Amini, cette jeune femme retrouvée morte après avoir été arrêtée pour un voile mal mis.
Mais explique, Nika – son prénom a été modifié –, une habitante de Téhéran qui participe au mouvement, il prend de nouvelles formes. « Est-ce que les manifestations continuent ? Oui, mais sous différentes formes, pas seulement dans la rue, parce qu’il y a énormément de forces de sécurité de la République islamique partout, dans toutes les rues, qui répriment les manifestants d’une manière extrêmement violente. Alors les gens ont décidé de tenter d’autres formes d’actions pour montrer leur désaccord, explique-t-elle. Par exemple, enlever le voile dans les endroits publics ou manifester durant les funérailles de personnes qui ont été tuées par les forces du régime, ou encore arrêter d’acheter des biens de consommation, sauf la nourriture, qui proviennent du gouvernement. »
« La République islamique n’est pas l’Iran »
Des milliers de personnes auraient été arrêtées en Iran depuis le 16 septembre. La justice a fait état de 1 000 personnes d’ores et déjà inculpées pour leur participation aux « émeutes », le terme utilisé par les autorités pour désigner les manifestations.
« Il y a quelque chose d’important que les gouvernements européens et leurs populations doivent comprendre, c’est que la République islamique est un groupe terroriste. Elle n’en n’a rien à faire de rien, à part de montrer sa force aux yeux du monde. Le régime fait arrêter des protestataires brutalement, ses forces de sécurité se fondent dans les manifestations en portant des vêtements de tous les jours, si bien qu’il est très difficile de les démasquer dans les rues.
Nika souhaite aussi adresser un message aux Occidentaux : « Ce que je voudrais dire aux médias du monde entier, c’est que la République islamique n’est pas l’Iran. S’il vous plaît, n’utilisez pas ces deux mots ensemble. C’est très important pour les Iraniens. Les Iraniens n’ont pas de gouvernement, n’ont pas de dirigeants, ils sont juste otages de la République islamique. »
RFI