En Indonésie, à partir du mardi 15 novembre, les pays riches et les grandes économies émergentes se retrouvent pour le sommet du G20, la première rencontre en présentiel depuis la pandémie de Covid-19. Les dirigeants ont un programme chargé au moment où l’économie mondiale tangue sous la pression de l’inflation, des crises énergétiques et alimentaires, largement alimentées par la guerre en Ukraine. Et ce qui retient l’attention, c’est surtout la rencontre entre les présidents américain et chinois.
Les deux hommes se voient pour la première fois depuis l’arrivée de Joe Biden à la Maison Blanche il y a bientôt deux ans. Et les deux présidents arrivent tous les deux renforcés dans leurs fonctions: Joe Biden après la bonne résistance des démocrates aux élections de mi-mandat aux États-Unis et Xi Jinping en obtenant sa reconduction à la tête du parti et de l’État lors du XXe Congrès du PCC. Déjà mal en point sous la présidence Trump, les relations entre les deux pays n’ont fait que se dégrader depuis. Et cette première rencontre sera l’occasion de mettre à plat les contentieux.
Avant son arrivée à Bali, Joe Biden a déclaré vouloir établir les lignes rouges avec la Chine, rapporte notre envoyée spéciale à Bali, Mounia Daoudi. On pense bien sûr à Taïwan. Le président américain redira l’importance de la paix et de la libre circulation dans le détroit de Taïwan et en mer de Chine méridionale. Pour Pékin, la « Chine unique » signifie à terme la réunification de l’île avec la Chine continentale et les responsables américains n’ont pas le droit de rencontrer les dirigeants de Taipei, rapporte notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde. Pour Washington, les activités récentes de l’Armée populaire de libération dans le détroit de Taïwan constituent une atteinte au statu quo et une menace à la paix et à la stabilité. Il faut se rappeler aussi, signale notre correspondante aux États-Unis, Loubna Anaki, que la visite sur l’île, il y a quelques mois, de Nancy Pelosi avait provoqué la colère des Chinois.
Guerre commerciale et dossier nord-coréen
Sur le plan géopolitique, il y a le dossier nord-coréen et les provocations de Pyongyang. Si Pékin s’oppose à un nouvel essai nucléaire de Pyongyang, la diplomatie chinoise a refusé de renforcer les sanctions contre le régime nord-coréen suite aux récents tirs de missiles. Là aussi, Joe Biden rappellera que si le régime persiste dans son attitude belliqueuse, les États-Unis n’auront d’autre choix que de renforcer leur présence militaire dans la région, ce à quoi s’oppose farouchement Pékin. Il va sans dire que la guerre en Ukraine et ses conséquences sur l’économie mondiale vont également être discutées.
Moins médiatique mais tout aussi cruciale, la guerre commerciale que se livrent les deux rivaux ne pourra pas être évitée. Dernier épisode en date, l’interdiction par Washington de l’exportation de puces haut de gamme et des technologies servant à les fabriquer. Une décision aux conséquences désastreuses pour la tech chinoise.
La question est maintenant de savoir si les deux présidents vont camper sur leur position et rester enfermés dans leur rivalité stratégique ou faire des concessions a minima. Ce lundi 14 novembre, la Chine a déclaré espérer que l’entretien prévu dans la journée entre le président Xi Jinping et son homologue américain Joe Biden remette les relations bilatérales « sur la bonne voie ».
RFI