Cette « option », qui doit encore être validée définitivement, ne serait utilisée que dans des situations bien particulières, comme les attaques terroristes et les tueries de masse, indique la ville californienne. Mais la polémique est lancée.
Le Conseil municipal de San Francisco s’est montré favorable, mardi 29 novembre, par huit voix contre trois, à l’adoption d’une résolution prévoyant l’usage par les forces de l’ordre de robots capables de tuer dans certains cas extrêmes, comme les attaques terroristes ou les tueries de masses, très fréquentes aux États-Unis.
Cette décision, qui doit encore être définitivement adoptée lors d’un conseil municipal prévu le 6 décembre, selon le New York Times, nourrit une intense polémique. Ses opposants craignent qu’elle débouche sur une augmentation des violences policières et un futur digne des films Terminator.
Cette possibilité est déjà une réalité, rappelle le quotidien américain. En 2016, le la police de Dallas, au Texas, avait tué un homme soupçonné d’avoir tué cinq policiers en le faisant exploser avec une bombe attachée à un robot. Il s’agissait de la première utilisation létale de cette technologie par la police américaine.
Place des explosifs ou neutraliser un suspect qui menace de tuer
« L’usage de robots dans des situations potentiellement meurtrières est une option de dernier recours », a assuré dans un communiqué le chef de la police de San Francisco, William Scott. « Nous vivons une époque où la violence de masse devient plus fréquente », a-t-il insisté. « Nous avons besoin de cette option pour sauver des vies, au cas où ce genre de tragédie se produirait dans notre ville. »
Exemple évoqué par David Lazar dans le New York Times : la fusillade dans un bâtiment de Las Vegas en 2017, dans laquelle 60 personnes avaient été tuées, soit la plus tuerie de masse la plus meurtrière de l’histoire américaine.
Seuls des officiers haut placés de la police pourraient donner l’ordre d’utiliser un robot pour tuer, selon le communiqué.
La police de San Francisco possède actuellement plusieurs robots, qu’elle peut contrôler à distance et qui sont utilisés « lors d’alertes à la bombe, de matériaux dangereux et d’autres incidents où les policiers doivent garder leurs distances avant de sécuriser les lieux », selon le communiqué.
La nouvelle mesure permettrait d’utiliser ces robots pour placer une « charge explosive » capable de « neutraliser ou désorienter un suspect violent armé ou dangereux qui menace de prendre des vies », selon la police. « Les robots équipés de cette manière seraient uniquement utilisés pour sauver des vies innocentes », a martelé la police.
« Une politique horrible »
« C’est une politique horrible et l’exact opposé de comment la police devrait utiliser les robots », a réagi sur Twitter Paul Scharre, le vice-président du Center for a New American Security, un groupe de réflexion basé à Washington. « L’avantage des robots est de créer plus de distance entre les forces de l’ordre et une menace, précisément pour qu’elle n’ait pas besoin de recourir à la force létale », a-t-il ajouté, en soulignant que les policiers peuvent utiliser de nombreux moyens pour neutraliser un assaillant sans le tuer – tasers, grenades aveuglantes, gaz lacrymogène, etc.
Pour lui, la décision de San Francisco, qui risque d’être suivie par d’autres villes, « est un nouvel exemple de la militarisation de la police américaine », a-t-il dénoncé.
Si elle est adoptée par le conseil municipal de la ville californienne, cette mesure devra ensuite être signée par la maire de la ville, London Breed. Mais cette démocrate a déjà exprimé son soutien à la proposition.