Scandale sexuel : Oxfam présente ses excuses aux autorités haïtiennes

Oxfam Regional Director for Latin America and the Caribbean, Simon Ticehurst leaves the offices of the Minister of Planning and External Cooperation after a meeting with the Minister of Planning and External Cooperation, Aviol Fleurant, in Port-au-Prince, on February 19, 2018. Oxfam issued its first direct apology to the Haiti government Monday following a report detailing the prostitution scandal that has shaken the NGO, expressing its "shame" and vowing to do better."We came here to share the report with the minister and express our shame and apologies to the Haitian government and to the Haitian people," said Simon Ticehurst, Oxfam's regional director for Latin America and the Caribbean. / AFP / HECTOR RETAMAL

L’organisation britannique est plongée dans un scandale impliquant des employés accusés d’avoir eu recours à des prostituées lors d’une mission à Haïti en 2010.

Englué, Oxfam s’excuse. Lundi 19 février, une délégation de l’organisation britannique a présenté directement les excuses de l’ONG aux autorités haïtiennes.

Depuis plusieurs semaines l’organisation est plongée dans un scandale impliquant des employés accusés d’avoir eu recours à des prostituées mais aussi de harcèlement et d’intimidation lors d’une mission à Haïti en 2010. « Nous sommes venus ici pour partager le rapport [interne de l’ONG] avec le ministre [de la planification et de la coopération externe] et pour exprimer notre honte et nos excuses au gouvernement haïtien et à la population haïtienne pour ce qu’il s’est passé », a déclaré Simon Ticehurst, directeur régional d’Oxfam pour l’Amérique latine et les Caraïbes.

Pendant plus de deux heures, des responsables de l’organisation ont répondu aux questions du ministre de la coopération extérieure, Aviol Fleurant, qui les avait convoqués pour une première audience solennelle. « On va maintenant solliciter des rapports de toutes sortes, audits, rapports financiers, dans un souci de reddition de comptes », a fait savoir M. Fleurant, à l’issue de la rencontre. « Le cas échéant, on entendra à nouveau le directeur régional aux fins utiles de droit et pour le bien de la République », a-t-il précisé.

Le 9 février, le quotidien britannique The Times révélait que certains collaborateurs d’Oxfam, l’une des plus importantes organisations non gouvernementales (ONG) mondiales de lutte contre la pauvreté, ont eu recours à des prostituées locales, alors qu’ils étaient en mission à Haïti après le tremblement de terre de 2010.

Rapport interne

Quatre employés ont été licenciés et trois autres ont démissionné avant même la fin de l’enquête interne lancée en 2011, avait assuré la semaine dernière l’ONG, qui a rendu public son rapport d’enquête interne, lundi. Dans ce rapport l’ancien directeur d’Oxfam en Haïti, Roland van Hauwermeiren, avait notamment admis avoir eu des rapports avec des prostituées à son domicile haïtien, qui était financé par Oxfam.

Des comptes rendus internes avaient été envoyés à Londres au moment des faits, mais les services judiciaires haïtiens n’ont découvert le scandale que grâce aux révélations dans la presse il y a une dizaine de jours.

« Les autorités haïtiennes et la justice haïtienne n’ont jamais été informées de ces crimes commis dans les locaux de l’institution. Est-ce une obstruction à la justice ? C’est encore un point d’interrogation », a souligné M. Fleurant.

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