Selon nos confrères de Record, Aliou Cissé songe à quitter son poste de sélectionneur national. Le quotidien n’évoque pas les réelles motivations de ce départ précipité, alors qu’il a prolongé de deux ans son contrat, avant le début de la coupe du monde. Toujours est-il que je pense que M. Cissé a raison de vouloir quitter un poste où il ne récolte que des coups et très peu de lauriers. Sept ans après sa prise de fonction, on ne peut pas dire que l’ancien joueur du PSG bénéficie d’un immense crédit auprès des fans, de ses anciens coéquipiers en sélection, et de tout ce que le Sénégal compte de consultants assermentés en football.
Jamais un entraîneur n’a subi autant d’injustices et de critiques empreintes de mauvaise foi. Certains en ont fait du Cissé-bashing un fonds de commerce. Notre confrère de Walf, Cheikh Tidian Gomis balance par exemple comme une vérité établie que Cissé “khamoul dara” (qu’en gros il est nul, pour ceux qui ne sont pas familiers du Wolof). Sans jamais donner des arguments concrets pour asseoir sa thèse. La punchline suffit. Il est quand même étonnant de qualifier de “nul” un entraîneur qui a obtenu les meilleurs résultats de l’histoire du football sénégalais.
Aliou Cissé est loin d’être un coach parfait, le jeu produit par l’équipe nationale est généralement très ennuyeux (comme du reste le jeu proposé par les équipes de Mourinho et bien d’autres coachs pourtant encensés) mais il n’a rien fait pour mériter d’avoir constamment un couteau sous la gorge et des procès en incompétence. Bien au contraire, son bilan éloquent devrait lui valoir un minimum de considération, de surcroît lorsque l’on se remémore l’état dans lequel était l’équipe nationale avant sa prise de fonction.On ne le dit pas très souvent mais l’ancien capitaine des Lions a sorti le football sénégalais des limbes.
En dépit de ses états de service globalement remarquables, Aliou Cissé récolte peu de louanges pour mais subit les pires avanies à la moindre contre-performance, si bien sûr on considère comme une contre-performance le fait de se faire sortir d’un huitième de finale de la coupe du monde par une équipe d’Angleterre dont les remplaçants sont nettement meilleurs que la majorité de nos titulaires.
Alain Giresse, avec sa morgue il est vrai insupportable, disait que les Sénégalais ont une haute opinion de leur football. Il avait entièrement raison. Là est le véritable problème d’Aliou Cissé. Beaucoup de supporters et même d’observateurs pensent que nous avons des individualités du même acabit que celles du Brésil de Tele Santana ou de l’Espagne de Vincente Del Bosque. Dès lors le niveau d’exigence est très élevé pour ne pas dire exagéré. Et Cissé en paie le prix.
Usure mentale, sentiment du devoir accompli, nouveaux défis, il me semble que Cissé a toutes les (bonnes) raisons du monde de vouloir partir. Et si ce départ devenait officiel, nous ne tarderons pas dans un futur proche à regretter ce coach qui nous a menés si haut, et qui a toujours réagi avec classe aux critiques les plus acerbes, et parfois disons-le les plus ridicules.