Comme à chaque fin d’année, Reporters sans frontières (RSF) publie son bilan des journalistes tués, détenus, otages et disparus. Avec 533 journalistes emprisonnés, 2022 enregistre un nouveau et triste record. Après deux années de relative accalmie, le nombre de tués est également à la hausse avec 57 victimes. En outre, 65 journalistes sont otages et 49 portés disparus.
Le bilan des exactions commises contre les journalistes dans le monde, publié chaque année par Reporters sans frontières (RSF), enregistre en 2022, un record de 533 journalistes en détention. Le nombre de journalistes tués dans le monde, 57, repart à la hausse. En outre, 65 journalistes sont otages et 49 portés disparus.
Autre tendance, les femmes représentent désormais près de 15 % des journalistes détenus, contre moins de 7 % il y a cinq ans. En Iran, deux d’entre elles, Nilufar Hamedi et Elahe Mohammadi, risquent la peine capitale pour avoir contribué à attirer l’attention sur la mort de la jeune Mahsa Amini, à l’origine du mouvement de contestation.
Dans notre bilan, nous revenons aussi sur certains des cas les plus marquants de l’année : celui d’Ivan Safronov, l’un des meilleurs journalistes d’investigation russes, condamné à 22 ans de prison, la plus lourde peine enregistrée en 2022 par RSF ; ou encore, au Brésil, celui du journaliste britannique Dom Phillips, dont le corps démembré a été retrouvé en Amazonie.
Le record établi l’an dernier, a de nouveau été dépassé : 533 journalistes étaient incarcérés pour avoir exercé leur métier au 1er décembre 2022, soit 13,4 % de plus que l’année dernière. Jamais, non plus, RSF n’avait enregistré un nombre aussi élevé de femmes journalistes emprisonnées. Elles sont actuellement 78 derrière les barreaux, soit une hausse historique de près de 30 % par rapport à 2021. Les femmes journalistes représentent désormais près de 15 % des détenus, contre moins de 7 % il y a cinq ans.
La Chine, où la censure et la surveillance ont atteint des niveaux extrêmes, reste la plus grande prison de journalistes au monde, avec 110 journalistes incarcérés. Parmi eux, la journaliste indépendante Huang Xueqin qui travaillait sur la corruption, la pollution industrielle et le harcèlement des femmes.
Signe aussi d’une répression majeure, la République islamique d’Iran, avec 47 détenus, est devenue la troisième plus grande prison au monde pour les journalistes, un mois seulement après le début d’un vaste mouvement de contestation. Parmi les premiers journalistes détenus, deux femmes, Nilufar Hamedi et Elahe Mohammadi, qui avaient contribué à attirer l’attention sur la mort de la jeune kurde iranienne Mahsa Amini. Elles risquent désormais la peine de mort.
“Les régimes dictatoriaux et autoritaires effectuent un remplissage accéléré de leurs prisons, en incarcérant des journalistes. Ce nouveau record du nombre de journalistes détenus confirme l’impérieuse et urgente nécessité, de résister à ces pouvoirs sans scrupules et d’exercer notre solidarité active avec tous ceux qui portent l’idéal de liberté, d’indépendance et de pluralisme de l’information.
En hausse également, le nombre de journalistes tués : 57 d’entre eux ont payé de leur vie leur engagement pour informer en 2022, soit une augmentation de 18,8 % par rapport à 2021, après deux ans d’accalmie, et des chiffres historiquement bas. La guerre en Ukraine qui a éclaté le 24 février 2022, est l’une des causes de cette hausse. Dès les six premiers mois de guerre, 8 journalistes ont été tués. Parmi eux, le photoreporter ukrainien Maks Levin, froidement exécuté le 13 mars par des soldats russes et le journaliste de la chaîne française BFM TV, Frédéric Leclerc-Imhoff, tué par un éclat d’obus alors qu’il couvrait une opération d’évacuation de civils.
Au-delà de ce conflit meurtrier, plus de 6 journalistes sur 10 ont perdu la vie dans des pays considérés comme en paix en 2022. Le Mexique enregistre à lui seul 11 journalistes assassinés, soit près de 20 % du nombre total de professionnels de l’information tués cette année. Ces chiffres, avec ceux d’Haïti (6 tués) et du Brésil (3 tués) contribuent à faire de l’Amérique la région la plus dangereuse pour les journalistes : près de la moitié des journalistes tués cette année (47,4 %) l’ont été dans cette partie du monde.
Autres chiffres marquants de ce Bilan 2022 : au moins 65 journalistes et collaborateurs de médias sont actuellement retenus en otages dans le monde. Parmi eux, le Français Olivier Dubois, qui est depuis plus de 20 mois aux mains du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM), un groupe affilié à Al-Qaïda au Mali et l’Américain Austin Tice, enlevé en Syrie depuis près de 10 ans maintenant. Enfin, deux nouveaux journalistes ont également disparu en 2022, ce qui porte à 49 le nombre de journalistes actuellement portés disparus. »
RSF revient également dans son Bilan 2022 sur certains des cas les plus marquants de l’année. Comme celui d’Ivan Safronov, l’un des meilleurs journalistes d’investigation russes, condamné à 22 ans de prison pour avoir révélé des “secrets d’État” déjà publics sur Internet. C’est la plus lourde peine enregistrée en 2022 par RSF. Ou encore celui au Brésil du journaliste britannique Dom Phillips, dont le corps démembré a été retrouvé en Amazonie. Il documentait le combat des tribus locales contre le braconnage ainsi que l’exploitation minière et forestière.
Depuis 1995, Reporters sans frontières (RSF) dresse le bilan annuel des exactions commises contre les journalistes, à partir de données précises établies entre le 1er janvier et 1er décembre de l’année de publication. Le décompte total du bilan 2022 intègre les journalistes professionnels et non professionnels, ainsi que les collaborateurs de médias. RSF procède à une minutieuse collecte d’informations permettant d’affirmer avec certitude, ou du moins avec une très forte présomption, que la détention, l’enlèvement, la disparition ou la mort d’un journaliste, est une conséquence directe de l’exercice de sa profession. Notre méthodologie peut expliquer des différences de statistiques avec celles d’autres organisations.