Le durcissement se poursuit en Afghanistan où les femmes afghanes n’ont plus le droit d’aller à l’université. Elles étaient déjà interdites d’enseignement secondaire. Plusieurs rassemblements d’étudiantes et d’étudiants ont eu lieu aux portes de plusieurs universités à travers le pays pour protester contre cette directive. Plusieurs enseignants ont par ailleurs démissionné de leurs fonctions en signe de protestation.
Avec notre correspondante dans la région, Sonia Ghezali
Hasiba Azim enseigne dans une faculté de médecine dans la province de Ghazni. Elle a perdu son emploi et ses espoirs, dit elle, après l’annonce du régime taliban. « C’était terrible pour nous tous, hommes et femmes. Même nos étudiants masculins ont quitté la classe en jetant le drapeau de l’émirat islamique au sol. Les garçons ont dit qu’ils ne reviendraient pas en classe tant que les filles n’étaient pas réintégrées », raconte-t-elle
À Kaboul, Amir Arezo a réagi instinctivement en voyant ses étudiants en pleurs. Il a démissionné de son poste d’enseignant de droit pénal et de criminologie : « Je sais que ma démission n’est en aucun cas une pression pour [les talibans]. Mais ma morale et ma conscience ne me permettent pas d’enseigner la justice et le droit aux garçons alors que les filles n’ont pas le droit à l’éducation ».
Hacib Ali, professeur de droit à Kaboul, a, lui aussi, démissionné et appelle « tous les professeurs des universités privées et gouvernementales » à faire de même. « S’il vous plait ! Nous devons nous rassembler pour décider d’une action collective afin que l’émirat islamique accepte notre demande légale et légitime d’autoriser les filles à étudier à l’université », témoigne-t-il.
De son côté, le régime taliban n’a toujours pas réagi aux nombreuses démissions d’enseignants à l’université.