Dans une interview exclusive accordée à emedia, le président de la fédération sénégalaise de football, Me Augustin Senghor revient sur l’utilisation des ressources tirées de la campagne sénégalaise à la Coupe du monde Russie 2018, avec notamment le bénéfice net de 5 milliards F CFA annoncé par son vice-président Abdoulaye Sow. Me Augustin Senghor revient également sur les grandes ambitions de l’instance qu’il dirige avec une année 2019 qui s’annonce beaucoup plus chargée que d’habitude. Entretien.
Président, il y a quelques jours, Abdoulaye Sow, un de vos vice-présidents, a révélé que la fédération sénégalaise de football a réalisé un bénéfice net de 5 milliards F CFA pour la participation à la Coupe du Monde Russie 2018. Pouvez-vous nous dire comment cet argent sera utilisé, quelles sont les grandes orientations prévues en terme d’investissements ?
A ce niveau-là, pour pouvoir dégager des pistes, je crois que la primeur doit être réservée à notre Comité exécutif et à l’Assemblée générale de la fédération. Nous avons bien sûr des idées d’investissements. Le grand principe qui a été retenu est qu’il ne faudrait pas faire l’erreur de se contenter d’un simple partage de cet argent parce que ça ne laissera pas un legs plus tard. Nous souhaitons consolider ce qui est en train d’être fait au niveau des infrastructures, lancer certains projets dont le Sénégal a besoin pour rester dans la logique de performance et veiller, au niveau de l’héritage, à ce que chaque ligue régionale puisse se retrouver dans ces retombées de la Coupe du monde. Mais tout cela doit d’abord être validé par le Comité exécutif et les acteurs du football à travers l’Assemblée générale. Autant en 2002 nous avions eu des problèmes pour trouver des infrastructures laissées aux générations suivantes, autant cette fois-ci nous avons la volonté de laisser des traces.
Pourquoi le bilan définitif de la campagne du Sénégal à la Coupe du monde 2018 n’a toujours pas été tiré ?
On y travaille. C’est vrai que la FIFA a besoin elle-même de faire ses comptes après le Mondial et cela a pris du temps, de fin août à mi-septembre pratiquement. Maintenant, il y a quelques semaines, ils nous ont transmis les données dont nous avions besoin et nous ont fait part du montant exact du reliquat que nous avions dans leurs comptes. Nous travaillons avec notre Commission des Finances et nos services financiers pour finaliser le rapport. D’ici à deux semaines, nous aurons une réunion du Comité exécutif pour présenter le bilan définitif . Après cela et après l’avoir partagé avec les autorités étatiques, nous allons communiquer dessus. Nous veillerons à ce que tous les Sénégalais, à travers la presse, aient une idée claire de tout ce qui concerne ce bilan qui sera exhaustif mais également sur la façon dont cet argent sera utilisé. L’idée c’est d’arriver à bien investir et de faire en sorte que la fédération puisse avoir une certaine autonomie financière pour alléger l’Etat dans la gestion des différentes compétitions de nos équipes nationales.
En parlant des différentes compétitions de nos équipes nationales, le Sénégal va vers une année 2019 très chargée avec les qualifications des sélections A, U 17 et U20 en CAN de leurs catégories respectives, en plus du gala Caf Awards qui sera célébré à Dakar, en janvier. La fédération a-t-elle les épaules assez larges et solides pour réussir le défi de la performance car au-delà des participations successives, ce que le peuple attend réellement de vous, c’est enfin des grandes performances dans ces compétitions ?
Je pense que rien que le fait de qualifier trois sélections en Coupe d’Afrique la même année, c’est déjà une performance en soi car c’est une première dans l’histoire du football sénégalais. Nous espérons même arriver à quatre équipes avec la qualification attendue des U23. Cette forte présence dans les compétitions africaines répond à une logique de performance. Je dis souvent à mes collaborateurs : « Bala nga ni naam, ne fa ». Pour gagner une compétition, il faut déjà y participer. Bien sûr, on ne va pas s’en contenter.
On veut gagner dans toutes les catégories, pas seulement avec l’équipe A parce que nous sommes convaincus que les joueurs qui apprennent à gagner dès le bas-âge vont développer cette culture de la gagne en grandissant. Aujourd’hui, nous sommes conscients que le Sénégal doit savoir gagner. Nous en avons les moyens, l’expérience et l’ambition. Nous avons également les joueurs et un encadrement de qualité pour y arriver. C’est vrai l’attente est longue et le Sénégal n’a toujours rien gagné. Mais nous pouvons prendre exemple sur la France ou l’Espagne dont les sélections sont restées longtemps sans remporter de titre majeur et il a fallu qu’elles en gagnent une première pour que la série soit lancée.