Fraichement revenu fraichement de Doha, au Qatar, où il a rencontré son leader, l’ancien président de la République Me Abdoulaye Wade, et son candidat à la prochaine présidentielle, Karim Meïssa Wade, Babacar Gaye a décidé d’accorder à votre quotidien préféré un entretien exclusif au cours duquel il a vidé son sac et envoyé des bombes dans le « Macky ».
Dans cet entretien qui suit, le porte-parole du Parti démocratique sénégalais (Pds), élégant dans son boubou traditionnel bleu, verres correcteurs aux yeux et casquette à la tête, s’est d’abord et avant tout prononcé sur le dernier rapport du Fond Monétaire International (Fmi), qui alerte sur un déficit de plus de 115 milliards de francs CFA par rapport aux prévisions de recettes budgétaires de l’Etat, la politique économique du Président Macky Sall, la préférence accordée aux entreprises étrangères notamment françaises pour l’attribution des marchés publics, « l’échec » diplomatique de Macky Sall, la candidature de Me Madické Niang, le retour de Karim Wade, entre autres sujets.
Selon Babacar Gaye, Macky Sall ne serait rien d’autre qu’un danger pour le Sénégal. C’est pourquoi, estime le porte parole du Pds, l’opinion publique doit retenir « l’urgence de faire partir très rapidement Macky Sall et son équipe pour sauver le Sénégal du désastre diplomatique qui le menace »…
Entretien ! LE TEMOIN : Selon le Fonds Monétaire International (Fmi), un déficit de plus de 115 milliards de francs Cfa par rapport aux prévisions de recettes budgétaires guette le Sénégal d’ici la fin de l’année. Ce, au moment où l’on parle d’une bonne santé de notre trésorerie.
Quel commentaire faites-vous sur cette information du Fmi ?
Babacar Gaye : Le gouvernement, en l’occurrence le ministre de l’Economie et des Finances, gagnerait à être beaucoup plus transparent dans l’élaboration des projets de loi de finances de l’année et d’être plus sincère dans la détermination des grands agrégats de l’Etat.
Je pense fondamentalement que les 115 milliards de francs de perte en recettes ou, plus exactement, en ressources pour le Sénégal, constituent le signe avant-coureur d’une faillite qui s’annonce. Car, en réalité, le Sénégal est un pays surendetté compte tenu d’abord de ses choix budgétaires mais ensuite, de la tricherie qui aujourd’hui constitue la méthode de gouvernance en matière de finances publiques.
Au-delà de ce déficit de recettes fiscales, il y a derrière un grand trou en matière de trésorerie, car l’Etat peine à prendre en charge et à honorer son endettement intérieur qui s’élève à quelque 800 milliards de francs.
Au-delà, évidemment, des tensions de trésorerie causées par des choix populistes et qui ne reposaient sur aucune réalité économique, je peux citer le fait que 5000 étudiants soient dans la rue à cause d’une dette de 16 milliards que l’Etat doit aux universités privées. Il s’y ajoute qu’ il peine à faire face aux entrepreneurs qui réalisent ce qu’il appelle le Pudc, parce qu’il y a une ardoise de quelque 26 milliards de francs Cfa que le ministre de l’Economie et des Finances peine à résorber.
Si on ajoute aussi à cela, le grand trou que les mêmes bailleurs de fonds ont décelé au niveau de la société Sn La Poste et qui avoisine 110 milliards de francs Cfa, il est à craindre que notre pays soit presque en banqueroute même si le Président Macky Sall et son gouvernement continuent à contracter à hauteur d’une cinquantaine de milliards pour mettre en œuvre, disent-ils, un programme appelé Plan Sénégal émergent.
Je pense aussi qu’il faut que les Sénégalais comprennent pourquoi le Président Macky Sall et son gouvernement privilégient des marchés au-delà de 50 milliards qui ne reposent sur aucune sincérité dans les services et matières livrables ? A ce propos, d’aucuns soupçonnent en réalité une volonté de corruption.
Car, le Président a modifié le Code des marchés publics afin de pouvoir toujours contracter par des ententes directes à chaque fois que les montants annoncés dépassent 50 milliards de francs. Et à mesure que 2019 approche, le Président Macky Sall et son gouvernement continuent à s’endetter. Pour preuve, dans les prochains jours, ils seront à Paris afin de pouvoir mobiliser quelque 1200 milliards supplémentaires qui devraient servir, selon eux, à financer des projets dans le cadre du Plan Sénégal émergent.
M. Gaye, est-ce à dire que y a un fossé énorme entre la politique économique de Macky Sall et la réalité du terrain marquée notamment par les problèmes au niveau de l’Enseignement, la Santé, la Justice entre autres ?
Vous savez, il est très facile de faire du saupoudrage en matière d’investissements. Si les ressources publiques servent à financer des projets comme le Building administratif, l’Arène nationale, Dakar Arena, le Ter et, récemment, les sphères administratives, on peut facilement comprendre que les étrangers, qui contrôlent aujourd’hui l’essentiel de ces secteurs structurants de notre économie, aient le beau rôle face à un Etat qui ne sert qu’à cautionner des dettes qu’elles contractent auprès des bailleurs de fonds étrangers, c’est-à-dire des banques commerciales étrangères ou auprès d’agences comme l’AFD.
Tout cela pour booster l’économie de ces pays comme la France, la Turquie, la Chine, pour ne citer que ceux-là. Tout cela me fait dire qu’il y a lieu de demander au Président Macky Sall de s’arrêter un instant et de permettre aux Sénégalais de souffler.
Parce que, comme il avait l’habitude de le dire du temps du président Abdoulaye Wade, les populations ne se nourrissent pas de béton et de ciment.
C’est vrai qu’on doit réaliser des infrastructures telles des routes, des écoles, des aéroports mais si vous regardez la structure d’investissement du président Macky Sall, c’est toujours des investissements qui n’ont aucun impact direct sur le vécu des Sénégalais. Car, si un pays n’investit pas dans la Santé, dans l’Education, je vois mal comment il peut émerger.
Or, les crises sont cycliques aussi bien dans l’éducation que dans la santé. Dans l’éducation, les enseignants ont commencé à râler depuis qu’ils ont eu leurs salaires du mois d’octobre, les étudiants peinent à recevoir leurs bourses, ce qui a d’ailleurs entraîné la mort d’un étudiant, tandis que d’autres étudiants peinent à aller à l’école parce que l’Etat doit de l’argent aux propriétaires d’écoles privées de formation supérieur.
Dans le secteur de la santé, les syndicats sont en train de bloquer le système, au moment où le centre de transfusion sanguine ne parvient même pas à collecter une goutte de sang pour sauver des vies. Je pense alors qu’il y a lieu de recentrer l’orientation de notre économie en faveur du plus grand nombre, plus exactement des populations.
Beaucoup dénoncent le choix des entreprises étrangères, notamment françaises, dans l’attribution des marchés ou travaux publics. Ce, au détriment des entreprises nationales ou locales.
Qu’est-ce qui, selon vous, explique cette préférence ? Est-ce dû à « l’incapacité » des entreprises locales à réaliser les travaux qui leurs sont confiés ? Ou bien est-ce que c’est le Président Macky Sall qui nourrirait des complexes ?
Les entreprises nationales ou les entreprises à capitaux nationaux ont pour l’essentiel prouvé qu’elles étaient capables de prendre en charge tous les grands travaux que le Sénégal peut envisager.
Pour preuve, du temps du président Abdoulaye Wade, c’était des entreprises nationales qui ont fait l’autoroute à péage, le dragage du Port, qui ont pratiquement fait tous les travaux jusqu’à ce que le Président Macky Sall arrive en 2012 pour réorienter notre diplomatie en faveur de la France et favoriser de manière extraordinaire, la diplomatie économique turque.
Ce, jusqu’à confier à ce dernier pays notre aéroport et tout ce qui est aujourd’hui structurant y compris le projet d’exploitation de notre fer avec Tosyali. En effet, le gouvernement de Macky Sall a montré qu’il a opté pour une préférence étrangère au détriment de la préférence nationale, c’est-à-dire des entreprises locales.
C’est une mauvaise option vu qu’il n’y a pas de transfert de technologies. Deuxièmement, les capitaux, les ressources, les bénéfices sont réexportés. Enfin, la main-d’œuvre que ces entreprises étrangères utilisent, plus précisément nos jeunes, est une main-d’œuvre au rabais si ce ne sont des Turcs ou des Chinois qui viennent faire le travail à la place des nationaux.
Je pense que c’est autant de travers qu’il faut corriger très rapidement. Nous, nous privilégions toujours nos entreprises nationales. Et en 2019, quand Macky Sall sera battu, nous serons obligés de réorganiser les rapports entre l’Etat et l’entreprise, nous serons obligés de mettre l’intérêt des Sénégalais au cœur du développement économique et social, nous serons obligés de renégocier tous les contrats léonins et qui avaient été signés par le Président Macky Sall et qui ne sont pas du tout dans l’intérêt des Sénégalais. Il faut que cela soit très clair.
Le Sénégal est un pays ouvert. Il faut que nous ayons une coopération gagnant-gagnant. Nous souhaitons bénéficier de l’apport technologique des pays avancés mais nous le ferons dans la dignité, dans le respect de notre souveraineté nationale et surtout, pour l’intérêt du peuple sénégalais.
Beaucoup pensent que Macky Sall affiche un complexe vis-à-vis des étrangers plus précisément des Français. Raison pour laquelle il les privilégie dans les travaux ou marchés publics. Partagez-vous ce sentiment ?
Il faut juste savoir que le Président Macky Sall n’est pas le Président Kagamé. Le Président Macky Sall n’est pas le président Abdoulaye Wade. Il n’est pas forcément un nationaliste.
Pas dans le sens de protéger systématiquement l’entreprise locale mais dans le sens de travailler avec la communauté internationale, avec les autres peuples dans une considération mutuelle et dans le respect des intérêts bien compris des peuples qui sont en coopération.
Il y a lieu de le dire sans complexe : le Président Macky Sall semble être au service des Occidentaux, plus précisément des entreprises françaises qui reviennent en force au cœur de notre économie et qui contrôlent l’essentiel des secteurs qui participent à la formation de notre Pib. Je citerais Orange, Total, Eiffage, Alsthom, Airbus, Suez, etc. Qui sait demain avec quelle autre entreprise le président Sall va tenter de retourner à la France ce dessert qu’elle a servi à nos vaillants tirailleurs sénégalais ?
Les chefs d’Etat et de gouvernement des pays africains, à l’exception de Adama Barrow, ont encore boycotté le Président Macky Sall et « son » Forum sur la paix et la sécurité, qui a été clôturé le mardi dernier. Ce boycott s’explique-t-il, selon vous, par une mauvaise politique diplomatique du Président Macky Sall ?
S’il faut appeler un chat par son nom, je dirais qu’effectivement, cela a été un échec personnel du Président Macky Sall parce que le Sénégal est connu comme un petit pays de grande diplomatie.
Le Sénégal est entouré par une ceinture de feu notamment le Mali, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Tchad, le Niger, etc.
Donc, y a lieu de s’inquiéter de notre incapacité à porter le leadership pour tout ce qui touche à la paix et à la sécurité comme le Sénégal le faisait jadis avec les présidents Senghor, Abdou Diouf mais aussi avec le président Abdoulaye Wade.
Malheureusement, avec le Président Macky Sall, la diplomatie sénégalaise est en totale régression.
C’est malheureux au moment où le Sénégal devait se prémunir de tous ces risques de déstabilisation que le Président Macky Sall ne puisse pas compter sur le soutien fraternel du Mali, de la Mauritanie, de la Guinée, de la Côted’Ivoire, etc.
J’allais dire des pays les plus proches de notre territoire en dehors de la Gambie de Adama Barrow. C’est normal que Barrow vienne quand il est convoqué par le Président Macky Sall mais ce n’est pas un signe de respect et de considération du peuple gambien vis-à-vis de cette gouvernance diplomatique.
C’est pourquoi, il urge de redresser très rapidement la tendance car nous risquons à terme, d’être totalement isolés des centres de décision stratégiques en Afrique de l’Ouest mais surtout dans le continent en entier.
Parce qu’en réalité, ce Forum de Dakar n’était pas un forum de l’Afrique de l’Ouest encore moins de l’Uemoa mais c’était un forum de toute l’Afrique.
Si nous ne sommes aujourd’hui incapables de réunir les chefs d’Etat africains en terre sénégalaise, cela pose un problème de crédibilité diplomatique et la faute en incombe principalement au Président Macky Sall, qui a tourné le dos au continent africain au profit de l’Europe expansionniste, au profit de la Turquie, au profit de la Chine.
Ce, alors qu’en matière de coopération, de mon point de vue, il faut d’abord commencer par ses voisins. Il faut que l’opinion publique retienne l’urgence de faire partir très rapidement Macky Sall et son équipe pour sauver le Sénégal du désastre diplomatique qui le menace.
Car, nous ne sommes pas à l’abri de soubresauts, nous ne sommes pas à l’abri des menaces. Il s’y ajoute une situation politique intérieure difficile. Tout cela fait que le Président Macky Sall devrait très rapidement rassembler les Sénégalais autour de notre intérêt commun, c’est-à-dire la sécurité et la paix.
Or, pour avoir une bonne sécurité, il faut d’abord avoir une paix intérieure. Il y a une résurgence des attaques en Casamance. Si on y ajoute les risques de sanction ou de représailles des islamistes qui, j’en suis sûr, en veulent au Président Macky Sall pourses positions vis-à-vis de l’Islam d’abord avec Charlie Hebdo puis ses déclarations sur Boko Haram, je pense qu’il est temps que nous nous arrêtions un moment et que nous nous retrouvions ensemble sur la problématique de la sécurité afin de protéger notre pays des dangers qui le guettent.
A vous entendre parler, c’est comme si vous vouliez dire que le président Macky Sall est un danger pour le pays ?
Mais, bien sûr que oui ! Comme c’est lui qui décide seul, forcément il va se tromper seul.
Sur les grandes questions nationales, le Président Macky Sall peine à rassembler les Sénégalais autour de sa personne. Donc, s’il y a aujourd’hui des soubresauts ou s’il y a des risques de déstabilisation, nous le devons évidemment à sa gouvernance qui me semble être belliciste en interne, une gouvernance de laquais pour les 0ccidentaux, une gouvernance qui ne laisse aucune place à une Opposition démocratique. A terme, il y a des risques que la résistance s’amplifie en interne. Et cela n’est pas dans l’intérêt de la sous-région.
Il ne faut pas que l’avènement du Président Macky Sall en soit le fossoyeur.
L’Internationale libérale, dont le Parti démocratique sénégalais est un membre à part entière, va organiser en ce mois de novembre 2018 son congrès ici à Dakar. Votre parti a décidé de le boycotter. Pourquoi une telle décision radicale ?
Je ne pense pas que nous soyons le seul parti membre de l’Internationale libérale qui risque de boycotter le congrès de cette organisation mondiale. J’ai appris que le Rewmi aussi, qui est aussi membre à part entière de l’Internationale libérale, a décidé de ne pas prendre part à ce conclave. Je signale qu’au Sénégal, seuls le Pds et Rewmi sont membres de l’Internationale libérale.
L’APR étant un parti observateur, il est évident que si l’Internationale libérale décide de venir chez nous, c’est plus parce que le Sénégal est le premier pays en Afrique à avoir expérimenté le libéralisme social en termes de gouvernance démocratique, économique et sociale quand le président Abdoulaye Wade est arrivé au pouvoir.
Donc, le pionner du libéralisme social étant le Parti démocratique sénégalais, il va sans dire que si l’Internationale libérale décide de venir à Dakar, malgré les entorses démocratiques, malgré l’embastillement des opposants, malgré la confiscation des libertés, malgré la disparition de l’Etat de droit, c’est parce que justement Macky Sall aura contribué largement à ternir l’image de notre pays qui, pour les libéraux du monde, était un exemple en matière de libertés, en matière de démocratie.
Nous avons pris nos responsabilités pour dire à nos amis de l’Internationale libérale que « nous n’accepterons pas que vous soyez nos hôtes au moment où celui qui dirige actuellement le Sénégal ne respecte pas les valeurs du libéralisme. » C’est un combat de principe et nous invitons d’ailleurs tous les démocrates à nous y rejoindre.
Le boycott ne sera pas simplement une non-participation. Il sera un boycott actif avec l’organisation de forum, de manifestations pendant le séjour des libéraux du monde entier en face de tous les caméras et micros du monde entier, pour que l’opinion internationale comprenne enfin comment le Sénégal est dirigé par une dictature qui ne laisse aucune place à la démocratie, aux libertés et à l’Opposition.
Parlons maintenant de la situation au niveau du Parti démocratique sénégalais marquée notamment par l’affaire dite de Me Madické Niang. Comment appréciez vous l’acte posé par ce responsable qui se présente comme un pan B et dont certains membres de votre parti demandent l’exclusion immédiate ?
Ce n’est pas la première fois que le Pds connait des évènements de ce genre. Dans la vie d’un parti politique, il y a nécessairement des moments de crise qu’il faut très rapidement dépasser selon mon entendement. C’est dans la nature des organisations de naître, de grandir, d’avoir des contraintes ou des maladies et si c’était une personne, de mourir, ce que nous ne souhaitons pas à notre parti.
Me Madické Niang a estimé devoir proposer sa candidature au secrétaire général national pour, dit-il, éviter à notre organisation une forclusion à la présidentielle de 2019.
Il est un militant et c’est un responsable qui a ses droits et ses obligations. Sa démarche, qui est de s’adresser directement au secrétaire général national du Parti, a connu un rejet de la part de ce dernier. C’est pourquoi, le Parti démocratique sénégalais, conformément aux positions clairement déclinées par le Président Abdoulaye Wade, a pensé prendre les mesures qu’il a prises de nature à faire comprendre à l’opinion publique deux choses.
Un, que le Parti démocratique sénégalais garde toujours Karim Wade comme candidat à la présidentielle de 2019.
Deuxièmement, donne acte aux propositions du Président Abdoulaye Wade de retirer à Madické Niang son poste de président de groupe parlementaire mais de lui laisser son poste de député. Le parti s’est réuni en comité directeur et a constaté que le frère Madické Niang a lui-même décidé de perdre sa qualité de membre du parti conformément aux articles 4 et 5 de nos statuts. C’était donc la quintessence du communiqué du comité directeur que nous venons de tenir. Dans le même communiqué, le Parti demande au frère Madické Niang d’en tirer toutes les conséquences de droit et de devoir.
C’est la position officielle du parti. C’est la position défendue dans le parti même si d’autres voix, qui ne sont pas celles du parti, souhaitent que Madické Niang soit exclu ou que Madické Niang rende le poste de député qu’il a de par une investiture évidemment du Parti démocratique sénégalais.
Voilà, globalement, la situation où nous nous trouvons et voilà l’évolution constatée à cause de cette affaire que le président Wade suit de très près. Car, comme il l’a toujours dit aussi à travers ses courriers, il aimerait garder avec le frère Madické Niang les bonnes relations qu’ils ont eues en dépit de cette divergence politique qu’ils ont à propos de la candidature à la présidentielle de 2019.
Pourquoi alors le cas de Me Madické Niang pose-t-il problème si on sait bien qu’il y a d’autres responsables libéraux dont Aïda Mbodj et Samuel Sarr qui ont présenté leurs candidatures sans que leur exclusion ne soit demandée par certaines voix au niveau de votre parti ?
Vous savez, ceux que vous venez de citer ont quitté le parti depuis très longtemps du fait qu’ils ne participaient plus aux réunions. Ils n’avaient plus aucun lien organique avec le Parti démocratique sénégalais. En son temps, c’est que ces questions n’ont pas été abordées de la même manière.
Aujourd’hui, nous sommes dans une situation un peu plus complexe. C’est pourquoi, le parti a pris la responsabilité de traiter le cas de Madické Niang comme il est en train de le traiter. Certains ont pensé évidemment que nous aurions dû, à l’époque, prendre les mêmes mesures contre tous ceux qui, à un certain moment de leur compagnonnage politique, ont pris la responsabilité de rompre les amarres ou en tout cas de prendre des décisions qui n’étaient pas en conformité avec les orientations du parti.
Le parallélisme est vite fait. J’espère qu’à l’avenir, le Pds saura être plus vigilant par rapport à ces questions que vous venez d’évoquer.
Mais est-ce que la posture de Me Madické Niang n’est pas guidée par la longue absence de votre candidat Karim Meissa Wade dont le retour semble devenir incertain ?
Certains le pensent. Lui-même, il le pense ! D’autres estiment qu’il faut poursuivre la lutte afin d’opposer à Macky Sall les rapports de force de nature à le faire reculer et à lui faire respecter la loi et le règlement qui étaient en vigueur. D’autres, qui peut-être sont moins patients, ont estimé devoir chercher une voie alternative à cette absence du candidat Karim Wade. Absence qui n’est pas de son propre gré, il faut le reconnaitre.
Cela dit, il urge quand-même, comme le souhaitent les militants et les responsables, que Karim Wade revienne au Sénégal et qu’il dirige les troupes pour que Macky Sall puisse revenir aux fondamentaux électoraux qui avaient été acceptés par consensus par l’ensemble de la classe politique depuis 1992. C’est le leader attendu.
Naturellement, les Sénégalais piaffent de voir Karim Wade comme un général dirigeant ses troupes vers la victoire. Alors, à quand le retour exact de Karim Meissa Wade ?
Je donne ma langue au chat. Une fois que ce retour sera décidé et fixé de manière officielle, l’opinion publique en sera informée. Pour l’instant, Karim Wade est en train de préparer ce retour. Le parti a aussi décidé de mettre en place des comités d’accueil en perspective de ce retour. Vous comprendrez aisément que, du point de vue stratégique, il n’est peut-être pas bon de dévoiler et la date et la manière dont Karim Wade reviendra au Sénégal compte tenu de toutes les menaces qui pèsent sur lui et brandies par les faucons qui sont autour du Président Macky Sall.
Madické Niang n’aura-t-il pas raison sur vous autres responsables et militants du Parti démocratique sénégalais si toutefois Karim Wade n’est pas rentré d’ici la prochaine présidentielle ?
On avisera le moment venu. Pour l’instant, nous estimons qu’il va falloir se battre mais se battre vraiment avec intelligence et détermination afin que Me Madické Niang n’ait pas raison sur nous.
Vous avez été le mois dernier à Doha afin de rencontrer Me Abdoulaye Wade et Karim Meissa Wade. Est-ce que c’était pour jouer les sapeurs-pompiers dans le conflit Wade et Madické ou pour préparer le retour de votre candidat Karim ?
Je m’attendais à une telle question (il éclate de rire) ! Je sais que, depuis mon retour, tous les journalistes de ce pays piaffent de m’avoir en interview pour que je leur parle de mon séjour de Doha. D’abord, je dois préciser que ce séjour était privé. Vous savez que je commence à faire de l’âge et, sous ce rapport, Doha m’a permis de faire de faire un check-up général mais aussi cela a été pour moi des moments d’échanges aussi bien avec le Président Abdoulaye Wade qu’avec le candidat Karim Wade.
Vous comprendrez aisément que je ne puisse dévoiler la teneur des échanges que nous avons eus. Mais, retenez juste que les deux se portent très bien. Ils ont une claire conscience des missions qui les attendent. Et le moment venu, vous vous rendrez compte, peut-être, d’une des causes et raisons pour lesquelles j’avais fait le déplacement à Doha.
C’est vrai que c’était dans le contexte de crise, à l’époque où Me Madické Niang venait d’abord de rencontrer le Président Abdoulaye Wade d’abord à Doha.
C’était une période naturellement très propice à tenter de recoller les morceaux le cas échéant. Mon rôle, en tant que porte-parole du Parti démocratique sénégalais, ami de Me Madické Niang – ce que j’assume – confident de Me Abdoulaye Wade et de Karim Meissa Wade, c’était de mon devoir d’essayer de rapprocher les positions au profit de toutes les parties. Je pense avoir fait ce que j’avais faire c’est-à-dire mon devoir… Qui était de faire cesser le feu… A Doha, je ne pouvais pas ne pas parler avec Me Abdoulaye Wade de l’affaire Madické Niang tout comme avec Karim Meissa Wade de cette affaire.
Et eux et moi savons ce que nous en avons retenu comme leçon et comme principe…
Propos recueillis par :Bassirou DIENG, Le TEMOIN