A Buenos Aires, un nouveau dialogue de sourds au sein du G20

La première journée du sommet du G20, qui s’est ouvert vendredi 30 novembre 2018 à Buenos Aires, s’est déroulée dans une ambiance tendue, tant les sujets de désaccord ne manquent pas entre les membres de ce club qui concentre les 2/3 de la population mondiale et 85% des richesses produites sur Terre. Si les Européens ont affiché une position unie sur les sujets litigieux du moment – multilatéralisme, migrations, climat -, le dialogue n’est pas aisé avec les autres membres. Point d’étape.

La journée de vendredi a notamment été marquée par la confirmation d’un nouveau traité de libre-échange entre les Etats-Unis, le Mexique et le Canada. Conclu le 30 septembre dernier, il a été signé juste avant le début officiel de ce sommet argentin, comme un pied de nez au G20, qui était devenu un symbole du multilatéralisme avant l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche en 2017.

Le président des Etats-Unis a salué un modèle d’accord de libre-échange, qui va changer le paysage commercial pour toujours. Comme le remarque notre envoyée spéciale en Argentine, Mounia Daoudi, pas facile dans ce contexte de parvenir à une position commune au G20 contre le protectionnisme et en faveur d’une libéralisation du commerce mondial, ardemment défendue par les Européens.

Autre sujet de tension : l’environnement, thème de la plénière de ce samedi matin, qui se propose de « bâtir un consensus autour du développement durable et du climat ». Le tout, alors les Etats-Unis se sont retirés de l’accord de Paris, que deux autres pays du G20 n’ont toujours pas ratifié ce texte – la Russie et la Turquie – et qu’un géant, le Brésil, vient d’élire un président climatosceptique.

Les Européens, le président Macron en tête, ne ménagent pas leurs efforts pour tenter d’imposer leurs priorités sur le climat et sur le commerce. Dès vendredi matin, ils étaient pleins d’allant, montrant les muscles, affichant un front uni pour tenter de peser dans l’enceinte du G20. Et puis, il ne s’est finalement pas passé grand-chose, constate notre autre envoyée spéciale, Véronique Rigolet.

Il y a bien eu ce partenariat passé entre la France et la Chine sur le climat, mais pas encore – semble-t-il – de véritable percée pour garantir que l’accord de Paris d’un côté, et la mention d’une réforme de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) de l’autre, figureront bien, à tout le moins dans un texte alternatif, ou dans le communiqué final de ce G20, pour autant est qu’il y ait un communiqué…

Ce samedi matin encore, rien ne semblait moins sûr. De fait, les Européens peinent véritablement à exister face aux géants américain, chinois et russe. Et la brouille entre les présidents Donald Trump et Emmanuel Macron n’arrange pas les choses. C’est un fait quasi inédit sur un sommet de ce genre : les chefs d’Etat français et américain n’ont pas de rencontre prévue en bilatérale à Buenos Aires.

Donald Trump n’avait d’ailleurs envie de voir qu’un seul dirigeant européen cette semaine, à savoir la chancelière allemande Angela Merkel, absente vendredi pour cause d’avion gouvernemental défaillant. Le G20 a encore quelques heures pour s’entendre sur une déclaration commune, même a minima, faute de quoi ce sommet restera comme celui des divisions, comme celui de l’an passé.

rfi