Droits des femmes: en Suède, le mouvement MeToo laisse son empreinte

En Suède, le mouvement MeToo a eu des répercussions sur la société à un niveau inégalé en Europe. La journée internationale des femmes reste fortement imprégnée du hashtag #MeToo qui se répand sur la Toile depuis quelques mois.

De notre correspondante à Stockholm,

Tout commence après l’affaire Weinstein à l’automne dernier. 456 actrices suédoises se regroupent alors pour dire qu’elles aussi, à l’instar des actrices américaines, ont été victimes de harcèlement sexuel au travail.

Les Suédois étant parmi les plus connectés d’Europe, le hashtag #MeToo – moi aussi en anglais – se déploie à une vitesse folle sur les réseaux sociaux pour dénoncer le harcèlement sexuel et le sexisme au sein de différents corps de métiers.

Cela donne naissance à d’autres hashtags en suédois selon les secteurs, si bien que le mouvement s’organise rapidement en « groupes de coordination #MeToo » avec une porte-parole assignée pour 65 secteurs.

Presque tous les secteurs représentés

Des avocates, ingénieures, cuisinières, médecins, en passant par des journalistes et des policières, mais aussi des associations d’élèves, de retraitées ou d’handicapées qui dans leurs hashtags, utilisent souvent le mot « silence ». Un silence désormais brisé.

Au total, près de 70 000 femmes ont suivi le mouvement MeToo en Suède, atteignant même la prestigieuse Académie suédoise qui décerne chaque année les prix Nobel. Conséquences : plusieurs démissions d’hommes en postes à haute responsabilité ont eu lieu avec cette semaine l’ouverture du procès d’un présentateur télé accusé de viol.

La Suède, l’un des pays les plus égalitaires du monde

Bien que la Suède soit souvent considérée comme l’un des pays les plus égalitaires du monde, les femmes suédoises restent payées en moyenne 12 % de moins que les hommes. Universitaires et organisations féministes évoquent un problème structurel, car malgré l’ampleur unique en Europe du mouvement MeToo, les Suédoises qui osent parler s’exposent et cela peut leur porter préjudice, surtout si elles se trouvent en situation de précarité.

C’est dans cette optique que le groupe MeToo a présenté mardi 7 revendications pratiques au gouvernement, comme par exemple une meilleure prise en charge des victimes de harcèlement sexuel. Fort à parier qu’il trouvera une oreille attentive puisque le gouvernement suédois a, lui, proposé en décembre une loi sur le consentement lors de relations sexuelles.

Une loi sujette à polémiques

L’idée de cette loi est de reconnaître un viol comme tel, même commis sans violence, c’est-à-dire si la victime reste pétrifiée. Il faut donc que les partenaires donnent clairement leur consentement.

La loi, bien accueillie par les associations d’aide aux victimes, rentrerait en vigueur cet été. Mais l’ordre des avocats suédois a objecté que cela ne résout pas le problème des preuves du viol. Leur porte-parole a même dénoncé « une réponse politique hâtive et populiste » de la part du gouvernement suédois, dans la perspective des élections générales prévues le 9 septembre.

 

rfi