Après la Jordanie ce mardi 8 janvier, le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo doit se rendre en Egypte et dans les six pays du Conseil de coopération du Golfe (Arabie saoudite, Bahreïn, Emirats Arabes Unis, Koweït, Oman, Qatar). Objectif : rassurer des alliés après l’annonce du retrait militaire américain de Syrie. Le chef de la diplomatie de Donald Trump pourrait profiter de cette tournée pour éclaircir la politique de son pays dans la région.
« Les menaces les plus importantes qui planent sur la région sont Daech [le groupe Etat islamique] et la Révolution islamique », a lancé le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo ce mardi à Amman lors d’une conférence de presse avec son homologue jordanien.
Après cette première étape, Mike Pompeo doit enchaîner les visites auprès des autres alliés de Washington dans la région. Le moment fort est annoncé au Caire, où le chef de la diplomatie américaine doit prononcer un discours précisant la politique de son pays au Moyen-Orient, comme en écho au discours de Barack Obama il y a 10 ans au même endroit. Pour l’ancien président américain, il s’agissait alors d’amorcer un nouveau départ dans la relation entre les Etats-Unis et le monde arabo-musulman.
L’épineuse question d’un retrait de Syrie
Mais sous Donald Trump, l’équation régionale est plus inextricable que jamais. En annonçant un retrait militaire de Syrie en décembre, le président américain a semblé lâcher les Kurdes, interrompre prématurément la lutte contre le groupe Etat islamique et laisser le champ libre à l’Iran en Syrie. L’annonce surprise a déconcerté les alliés de Washington, à commencer par Israël qui s’alarme du renforcement iranien à sa frontière.
Et lorsque les responsables américains ont nuancé leur volonté de désengagement, en parlant d’un retrait de Syrie « lent et coordonné » et de « garanties pour les Kurdes », c’est le président turc Erdogan qui a alors laissé éclater sa colère. John Bolton en a pris la mesure ce mardi à Ankara, d’où il est reparti sans avoir rencontré le chef d’Etat turc qui ne s’est pas privé de qualifier de « grave erreur » les déclarations du conseiller américain à la sécurité nationale.
Les décisions de Donald Trump sèment le trouble chez ses alliés comme au sein de sa propre administration. En décembre, l’annonce du retrait militaire de Syrie a provoqué le départ du secrétaire à la Défense Jim Mattis et de l’envoyé spécial des Etats-Unis au sein de la coalition pour la lutte contre l’Etat islamique, Brett McGurk. Dans ce contexte, la mission de clarification de Mike Pompeo s’annonce très compliquée.
De nombreux dossiers sur la table
En outre, l’affaire Khashoggi continue de planer sur la relation Riyad-Washington : même si Donald Trump refuse de désigner le prince hériter Mohammed ben Salman comme responsable de l’assassinat du journaliste saoudien, le Sénat américain ne s’est pas privé de le faire en décembre, infligeant un camouflet au président américain.
Les efforts américains n’ont pas permis de mettre fin à la crise du Golfe, après un an et demi de mise à l’écart du Qatar par quatre pays de la région (Arabie saoudite, Emirats Arabes Unis, Bahreïn et Egypte). Du coup, ce mardi, le général Anthony Zinni a annoncé sa démission du département d’Etat où il était chargé d’œuvrer à la résolution de ce conflit entre alliés des Etats-Unis.
Quant au « Plan de paix » promis par la Maison Blanche pour mettre fin au conflit israélo-palestinien, il reste pour l’heure dans les cartons. Reste une priorité américaine réaffirmée sans cesse : la lutte contre l’Iran et ses ambitions régionales. Elle devrait largement dominer les déclarations de Mike Pompeo dans les prochains jours.
Rfi