Au troisième jour du procès du cardinal Philippe Barbarin, jugé aux côtés de cinq anciens membrs du diocèse de Lyon pour ne pas avoir dénoncé des agressions sexuelles sur mineurs commises par un prêtre, l’heure était ce mercredi 9 janvier aux réquisitions. Mais aucune condamnation n’a été demandée par la procureure adjointe.
Avec notre envoyé spécial à Lyon,Pierre Olivier
Pendant 40 minutes, la procureure s’est attachée à expliquer point par point pourquoi elle ne demandait aucune condamnation contre le cardinal Philippe Barbarin. D’abord, pour l’infraction de non-dénonciation d’agression sexuelle sur mineur, le ministère public avance que les faits étaient prescrits au moment où le l’archevêque de Lyon en a été informé.
Or, pour la procureure, l’infraction de non-dénonciation ne peut être reconnue que si les faits en question ne sont pas prescrits. Et ce n’était pas le cas, puisque c’est en 2013, soit plus de 20 ans après leurs agressions sexuelles, que les victimes ont décidé d’alerter le cardinal.
Le prélat est aussi poursuivi pour non-assistance à personne en danger, en l’occurrence les victimes du prêtre pédophile. Mais là encore, selon la procureure, il n’y a rien qui justifie de demander une condamnation contre les prévenus. A leur décharge, elle explique que lorsque les victimes vont voir le cardinal Barbarin, ce sont des adultes largement majeurs et qui pouvaient parfaitement décider d’aller voir la justice.
La procureure note également que le cardinal ne leur a jamais déconseillé de porter plainte. Il n’y a donc, d’après elle, pas non plus d’entrave à la justice. Aucune condamnation n’est donc demandée contre le cardinal Barbarin. Ainsi, même si le prélat est jugé coupable par le tribunal, il ne sera pas condamné et restera donc libre. « On ne s’attendait pas à beaucoup plus, reconnaît l’une des victimes. Moi, ma victoire, c’est d’être ici, d’avoir pu témoigner hier et de ne pas me cacher. »
La décision de la procureure n’est pas si surprenante : déjà lors du premier procès en 2016, la justice avait classé l’affaire sans suite. « Le dossier est exactement au même stade qu’il était en 2016. Aujourd’hui, il y a une audience, tant mieux. Je pense qu’elle donnera le même résultat. En tout cas, je l’espère », a déclaré Maître Luciani, l’un des défenseurs de l’archevêque de Lyon. Ceux-ci devraient plaider la relaxe ce jeudi devant la cour. A la fin de cette dernière journée d’audience, la décision sera mise en délibéré.
rfi