Avocate, ex-ministre de la Défense, et membre du Parti conservateur colombien, Marta Lucia Ramirez est candidate à l’élection présidentielle de mai 2018 en Colombie. Son caractère et son parcours politique ont convaincu une partie des Colombiens pour en faire une des favorites. Un ami de longue date et collègue nous décrit sa personnalité : celle d’une femme de caractère à la main ferme et aux décisions réfléchies et définitives.
Nous sommes à Zipaquirá, la ville de naissance de la candidate. En ce dimanche de grisaille et de fraîcheur hivernale, Marta Lucia Ramirez Blanco scande sur la scène de la place du village son ambition pour la Colombie : « Un pays qui ne terminera pas comme le Venezuela si on laisse passer la gauche ! » Malgré les critiques sur cette comparaison, Marta poursuit sa campagne dans la même direction, avec les mêmes propos, constante dans sa vie politique comme dans sa vie personnelle.
La candidate vient donc convaincre les habitants qui doivent se déplacer aux urnes pour le vote des sièges du Congrès, la première étape décisive pour les candidats à l’élection présidentielle, car cela dessine les futurs alliés ou ennemis du prochain président. L’un de ses alliés et amis depuis des décennies s’appelle Carlos Martinez. Il coordonne la campagne électorale de Marta Ramirez dans la région de Sabana qui représente 117 municipalités.
Cheveux grisonnants, moustache et sourire aux lèvres, Carlos s’exprime avec enthousiasme et fierté. « Je veux donner l’opportunité à une femme d’occuper le poste de présidente. C’est une femme droite et honnête. Elle a beaucoup de discipline. On a besoin d’une femme pour changer la Colombie. Par exemple, sur le thème de la corruption, qui est nationale ici, je sais que cette femme prendra les décisions en prenant en compte chaque individu. Marta est une personne qui ressent dans son cœur et son sang ce que signifie la douleur, la souffrance d’une famille ».
Une Colombienne de caractère
Sur scène, l’avocate s’exprime sans note, sans pupitre, sans hésitation. Sa voix grave porte sur l’audience qui l’écoute religieusement. Carlos est admiratif tout en restant attentif au déroulement des événements. Du haut de son mètre quatre-vingts, il est tel un vigile qui surveille son immeuble, aux aguets. Son amitié et professionnalisme se mêlent lorsqu’il décrit Marta Ramirez.
« Nous parlons d’une femme généreuse, humble, au service des gens qui respectent les personnes et les décisions de chacun. Une femme simple avec une prise de décision ferme ».
Meeting oblige, elle se mêle d’ailleurs à la foule et multiplie les photos et selfies. Pour Carlos, Marta représente la force et l’image d’une Colombienne, c’est-à-dire une femme de caractère. « Il y a des femmes soumises en Colombie, mais très peu. Toutes ont une personnalité bien affirmée. Toutes sont fortes et résistante ».
Un parcours politique d’exception
D’ailleurs, le parcours politique de Marta Ramirez le démontre. A 63 ans, la candidate n’a pas froid aux yeux. Elle n’est pas à son premier coup d’essai. Lors de la dernière élection présidentielle en 2014, l’avocate a occupé la troisième place avec 15,53 % des voix au premier tour.
En 2002-2003, la Colombienne a été nommée ministre de la Défense. Ce fut la première femme à occuper ce poste. Elle n’a jamais caché ses liens avec l’ex-président colombien Alvaro Uribe, et pour cause, une partie de ses sympathisants sont uribistes. Tour à tour, ministre du Commerce extérieur, sénatrice, ambassadrice de la Colombie en France, elle a fait sa place parmi les hommes, parmi les Colombiens à la réputation machiste.
Le machisme colombien
Ce point est soulevé par Carlos Martinez avec une conviction à toutes épreuves. « Il faut changer les mentalités de tous les Colombiens pour qu’ils acceptent de voir une femme diriger le pays. Moi-même, un homme, je veux voter pour elle, car il y a de nombreux cas qui prouvent qu’une femme peut être présidente. Tenez, au sein de la famille par exemple. La femme est plus généreuse, plus travailleuse, plus sérieuse. Nous, les hommes, on est négligents ».
Cette négligence, Marta Lucia Ramirez semble ne pas la connaître. De par son travail d’avocate et ses postes à responsabilité, on sent la rigueur dans sa poignée de main et son professionnalisme dans ses échanges avec le public ou ses collaborateurs. Elle le dit elle-même : « Je suis candidate, car j’ai plus d’expérience que tous les candidats réunis. Je connais tous les aspects de la Colombie ».
rfi