Le directeur de cabinet de Nathalie Loiseau, ministre chargée des Affaires européennes, a convoqué ce lundi 21 janvier, en fin d’après-midi, l’ambassadrice d’Italie, Teresa Castaldo, pour obtenir des éclaircissements sur la charge du vice-président du Conseil italien contre la France. Luigi Di Maio, accuse Paris « d’appauvrir l’Afrique », via le franc CFA, et donc d’aggraver la crise migratoire en Europe. Dimanche, il a également appelé l’UE à adopter des sanctions contre la France et d’autres pays « qui exploitent l’Afrique ». Le cabinet de Nathalie Loiseau a dénoncé des « propos inacceptables ». Mais le chef de file du M5S a immédiatement relancé la charge.
Avec notre correspondante à Rome, Anne Le Nir
Du haut de ses 32 ans, le vice-Premier ministre italien et chef politique du Mouvement 5 étoiles, n’exprime aucun regret. Au contraire, Luigi Di Maio continue de fustiger l’utilisation du franc CFA, héritage de la colonisation française en Afrique.
« Je ne pense pas que l’on puisse parler de différent diplomatique. Je pense que tout est vrai. En imprimant de la monnaie pour 14 Etats africains, la France est un pays qui empêche le développement de ces Etats et contribue au départ de migrants qui meurent en Méditerranée ou arrivent sur nos côtes. »
Des propos qui ne vont certainement pas apaiser les fortes tensions entre Rome et Paris. Luigi Di Maio, rappelons-le, a aussi officiellement soutenu les « gilets jaunes », tandis que son homologue au gouvernement, et patron de la Ligue d’extrême droite, Matteo Salvini, a accusé le président Emmanuel Macron de gouverner « contre son peuple ».
Reste l’espoir des talents de médiateur du chef du gouvernement, Giuseppe Conte, qui, lui, est sans étiquette politique.
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Les relations se tendent entre Paris et Rome
Les relations entre Paris et Rome se sont tendu quelques mois à peine après l’arrivée au pouvoir de la coalition du Mouvement 5 étoiles et du parti d’extrême droite la Ligue, notamment autour des questions migratoires. Rome accusant Paris de manquer de solidarité dans l’accueil des réfugiés.
Les querelles se sont poursuivies suite à un incident à la frontière franco-italienne, lorsque des gendarmes français avaient reconduit des migrants sur le territoire italien provoquant la colère du ministre de l’Intérieur Matteo Salvini. La crise des « gilets jaunes » est venue s’ajouter aux nombreux sujets de discordes.
Début janvier, le vice-président du Conseil italien Luigi Di Maio a appelé les manifestants « à ne rien lâcher », rejoint par Matteo Salvini qui a ouvertement apporté son soutien aux « gilets jaunes ». Un double appel fraîchement accueilli par Paris.
Enfin, l’arrestation récente en Bolivie de Cesare Battisti a été une nouvelle occasion pour Matteo Salvini d’accuser les autorités françaises de ne pas livrer d’anciens militants italiens d’extrême gauche réfugiés en France. Parmi les 30 personnes en fuite, selon le ministère de l’Intérieur italien, 14 seraient localisées en France.
Rfi