Joseph Kabila doit céder sa place à Félix Tshisekedi à la présidence de la République démocratique du Congo ce jeudi 24 janvier. Portrait croisé du désormais ex-président et de son successeur.
Tous deux portent un héritage politique lourd : « Ils sont les fils de leurs pères », commente ironiquement un confrère congolais. Deux pères – Etienne Tshisekedi et Laurent-Désiré Kabila – qui sont dans l’Histoire, avec un grand « H », de la RDC.
L’un était le Sphynx de Limite, l’autre le Mzee, le sage. Joseph Kabila n’a jamais eu de surnom. Quant à Félix Tshisekedi, ses partisans l’ont appelé « Fatshi » lors de la campagne électorale, mais c’est une simple contraction de Félix Antoine Tshilombo Tshisekedi. « C’est comme si Félix et Joseph n’avaient pas encore gagné leurs lettres de noblesse », conclut le journaliste congolais interrogé. Deux pères charismatiques, peut-on dire, qui ont longtemps éclipsé leur progéniture.
Joseph Kabila, taiseux, a le goût du secret. « Insaisssissable parfois » pour son entourage, « un homme dangereux » pour ses adversaires, qui apprécie le pouvoir solitaire.
Revanche
A 55 ans, Félix Tshisekedi réussit là où son père Etienne, l’opposant historique, a échoué. On le dit d’ailleurs plus fin diplomate et conciliant, voire courtois, que son père, réputé fier et têtu. Et plus à l’écoute des autres. Une sorte d’anti-Sphynx. Sous ses aspects jovial, rond, le nouveau président est « volontaire et déterminé », affirment ses proches.
Félix Tshisekedi a passé une grande partie de sa carrière politique à Bruxelles, il devient secrétaire national de l’UDPS en charge de l’extérieur. Mais quand la santé de son père décline, poussé par sa mère, Maman Marthe et des cadres du parti, « Fatshi », comme on le surnomme, prend peu à peu les rênes de l’UDPS, véritable machine électorale, non sans contestation.
Surtout qu’à l’époque, en 2015, le parti d’opposition historique entame déjà de discrètes discussions avec Joseph Kabila, qui fait tout pour prolonger son deuxième et dernier mandat. Mais Félix Tshisekedi s’affirme lors des deux dialogues politiques de la fin 2016. Par deux fois, Joseph Kabila parvient à débaucher un cadre de l’UDPS, mais jamais lui.
Qualifié d’influençable par ses détracteurs, encensé par ses partisans pour être à l’écoute de sa base, Félix Tshisekedi claque la porte en novembre dernier quand il n’est pas choisi comme candidat unique de l’opposition. Et quand ses rivaux posent des conditions à leur participation aux scrutins, Fatshi décide d’y aller, coûte que coûte. « C’est parce qu’Etienne préférait être opposant que son fils est prêt à faire des concessions pour gouverner », confie un membre de famille.
Les deux hommes devront désormais cohabiter. D’aucuns parlent d’un tandem.
Rfi