C’est un secret de Polichinelle. L’attitude du candidat de la coalition « Sonko Président » sur l’affaire des 94 milliards du TF 1451/R supposés détournés par les tenants du régime de Macky Sall, surprend de plus en plus. Contre-attaqué depuis une semaine, le leader de Pastef/Les Patriotes ne semble pas apporter des réponses adéquates aux sorties de Mamour Diallo et Amadou Ba.
En meeting samedi, à Ziguinchor, la terre natale de ses parents après que ces tenants du pouvoir ont démonté ses allégations sur cette affaire, tout le pays l’attendait. Surtout, vingt-quatre heures seulement après la sortie à l’Assemblée nationale du Ministre de l’Economie, des Finances et du Plan (Mefp).
L’occasion lui a été ainsi offerte sur un plateau en or pour démonter à son tour, les arguments de ses anciens collaborateurs aux Impôts et domaines. Hélas ! Sonko a préféré glisser sur un autre terrain mouvant.
En lieu et place des réponses aux éclairages de Amadou Ba et Mamour Diallo. Sa réponse à la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire agitée par les députés de la majorité, a laissé un goût d’inachevé aux Sénégalais qui veulent la lumière dans cette affaire. Le candidat à la Présidentielle de février 2019 évoquant cette question, parle d’enfantillage.
« Je ne répondrai pas à la commission d’enquête parlementaire de l’Assemblée. Je suis en campagne. Je n’ai pas le temps. Mais si le Procureur à qui j’ai écrit, me convoque, je me présenterai ».
Cette sortie d’Ousmane Sonko, chantre de la bonne gouvernance, a fait tiquer plus d’un Sénégalais. A Ziguinchor, Ousmane Sonko a littéralement zappé la vraie question de l’heure. Pour ne pas laisser filer l’image d’un homme atteint, il a exhumé les dossiers du meurtre de (sa) militante à Keur Massar (Dakar), Mariama Sagna dont les assassins présumés ont été arrêtés. Mais comment celui qui a toujours voulu que les biens publics soient gérés de façon orthodoxe, peut-il se soustraire à une commission d’enquête parlementaire ? La réponse à cette interrogation est attendue par les Sénégalais dont il veut diriger les destinées.
La peur a-t-elle changé de camp ?
Pourtant, le 20 janvier dernier, Ousmane Sonko revigoré par la forte présence de ses militantes et militants sur la place de la Nation, ex-Obélisque, avait défié le régime et le procureur de la République. « Je n’ai pas peur. Je ne connais pas la peur. Ceux qui me connaissent, savent de quoi je parle ».
Sûr de lui, Ousmane Sonko faisait croire au peuple sénégalais que c’est grâce à lui que ses compatriotes ont appris certaines malversations financières perpétrées par le régime de Macky Sall. Mais il ne s’était pas arrêté en si bon chemin.
Kalachnikov à la main, il fusillait tout le monde. Dans la peau d’un champion avec un péché d’orgueil démesuré, le «patriote» faisait feu de tout bois. En réponse à la sortie du journaliste Madiambal Diagne sur les ondes de la radio iMedia l’accusant d’être mouillé jusqu’au cou, il déclarait : « J’entends dire depuis quelques jours que la peur a changé de camp. Non. La peur n’a jamais changé de camp. Elle s’est plutôt agrandie du côté de chez eux, elle a toujours existé ». Ce jour-là, l’ancien Inspecteur des Impôts et domaines esquissait le coup porté par Madiambal Diagne. Dans sa logique, il avançait que les personnes concernées peuvent, exactement dire que l’argent n’a pas encore été empoché.
« Ils peuvent dire que les 94 milliards n’ont pas été décaissés. Mais je puis vous dire que 46 milliards sont partagés entre les amis de Macky Sall. Je connais la Banque où l’argent a été retiré et le numéro de compte ».
Mais force est de reconnaitre que les choses ne sont plus ce qu’elles étaient jusque-là. Comme un coup de Jarnac, Ousmane Sonko semble atteint. Il devient de moins en moins fringant et virulent à l’égard du régime de Macky Sall. Toutefois, si la peur n’a pas changé de camp, l’attitude de Sonko après les sorties de Amadou et Mamour Diallo, peut laisser croire que le leader de Pastef/Les Patriotes est sonné et qu’il n’a aucune preuve pouvant étayer son… Atlas d’accusations.