Les déplacés du territoire de Djugu, en République démocratique du Congo, sont plus de 300 000. Environ 40 000 d’entre eux sont à Bunia, où ils fuient les massacres qui ont déjà emportés plus de 120 personnes. Rencontre avec certains de ces déplacés, qui se souviennent de leur départ forcé.
Machette à la main droite, Achille construit une petite cabane pour sa mère dans ce camps de déplacés. Lui, ses quatre enfants, sa femme et sa mère ont parcouru plus de cent kilomètres à pied en trois jours avant d’atteindre Bunia.
Pour ce père de famille, le cauchemar a commencé le soir du 27 février, dans le village de Rulé. Lorsque plusieurs dizaines de personnes armées des machettes, des lances et des fusils ont fait irruption dans le village, les habitants n’avaient rien qui leur aurait permis de combattre, alors ils ont pris la décision de partir.
Achille et sa famille avaient à peine quitté le village quand les assaillants « ont commencé directement à incendier les maisons, puis ont tué nos familles ». Ce soir-là, selon le récit d’Achille, une cinquantaine de personnes ont été tuées, dont son père.
« Les cris des mamans et des hommes qu’ils tuent »
Alice est elle aussi une rescapée de Rulé, qui a également parcouru plus de cent kilomètres à pieds, avec ses trois enfants. Lors de son départ, elle voyait « derrière les maisons incendiées, les cris des mamans et des hommes qu’ils tuent ».
Son bébé de 11 mois dans les bras, Alice, qui a perdu plusieurs de ses cousins ce soir-là, ne connait toujours pas l’identité de ces gens, ni même leurs motivations. Ces hommes sont « venus dans le village, on ne sait pourquoi, mais ils ont commencé à tuer les villageois », se lamente cette femme, qui n’a plus revu son mari depuis cette attaque.
A Bunia, ils sont plus de 40 000 déplacés venus du territoire de Djugu. La plupart d’entre eux sont installés dans des familles d’accueil et plus de 3 000 sont dans ce centre.
rfi