Le «Printemps» de Robert Biedron, l’espoir de renouveau de la Pologne?

A trois mois des européennes où il compte se présenter, Robert Biedron a lancé dimanche son mouvement devant plus de 6 000 personnes à Varsovie. Ses soutiens s’évaluent pour l’instant entre 6 et 10% des intentions de vote, selon des études récentes, le plaçant en troisième position derrière les deux partis historiques et conservateurs qui dirigent la Pologne depuis la chute du communisme.

Avec notre correspondant à Varsovie, Thomas Giraudeau

Imagine de John Lennon en fond sonore, un slogan « Enfin le changement » sur le pupitre et des idées révolutionnaires pour la Pologne : libéralisation de l’avortement, union entre homosexuels, sortie du charbon d’ici 2035.

De gauche, athée, prônant une laïcité à la française dans un pays très catholique,  Robert Biedron est aussi le premier homme politique ouvertement homosexuel du pays. Son mouvement, il l’a nommé « Wiosna » : « Printemps ». Pour incarner l’espoir d’un renouveau en Pologne.

Olga, une jeune femme, est convaincue : « Je suis pour cette idée de séparation de l’Eglise et de l’Etat. Et puis il soutient la communauté LGBT. Enfin, il est de gauche et je le suis aussi. Alors oui, je le soutiens », explique-t-elle.

Robert Biedron a aussi un atout : son expérience à la tête de Slupsk. Une ville de 100 000 habitants au nord de la Pologne. Et il ne manque pas de la rappeler.

« Comme dans ma ville, on peut parler aux habitants et pas uniquement avant les élections. On peut améliorer la qualité de l’air. Et enfin, on peut éloigner l’Eglise de l’Etat, a-t-il plaidé. On l’a fait à Slupsk, et maintenant on va le faire dans toute la Pologne ! »

Mais l’homme fait pour l’instant cavalier seul. Il refuse aujourd’hui une alliance avec l’un ou l’autre des deux principaux partis, la PO (Plate-forme civique) et le PiS (Droit et justice), trop à droite. Une bonne stratégie, selon Lalla, une septuagénaire. « Tout simplement, Biedron est un espoir pour ceux qui ne veulent voter ni pour la PO ni pour le PiS. Il est déjà à 10% dans les sondages, donc peut-être que c’est possible. Au contraire, s’il entre dans une coalition, il peut perdre beaucoup de ses électeurs », analyse-t-elle.

Et d’après tous les spectateurs rencontrés, l’homosexualité de Robert Biedron ne sera pas un obstacle à son ascension dans un pays pourtant très conservateur et catholique.

Rfi