Treize nouveaux magistrats issus du Centre de formation judicaire (CFJ) de Dakar ont prêté serment ce jeudi devant la Cour d’appel du Tribunal de grande instance de Dakar, a constaté l’APS.
Devant le premier président de la Cour d’appel de Dakar, le juge Demba Kandj, ils ont prononcé tour à tour la formule consacrée : ’’Je jure de bien et loyalement remplir mes fonctions de magistrat, de l’exercer en toute impartialité, dans le respect de la Constitution et des lois de la République, de garder scrupuleusement le secret de délibération et de vote, de ne prendre aucune position publique, de ne donner aucune consultation à titre privé sur les questions relevant de la compétence des juridictions et d’observer en tout, la réserve, l’honneur et la dignité que ces fonctions imposent’’.
Cette entrée dans la magistrature intervient à un moment où ‘’notre société, du moins par la voix de ceux qui prétendent s’exprimer en son nom, ne cessent de nous dire qu’elle n’a jamais été autant, en attente de justice’’, a relevé le juge Kandji.
’’Ces porte-paroles autoproclamés, promoteurs zélés de la bonne gouvernance s’appuyant sur les réseaux sociaux, bastions de toutes les dérives, a-t-il dit, ont fini depuis longtemps de décréter la crise irréversible des institutions judiciaires.’’
Il a fustigé ceux qui dénoncent ’’une justice instrumentalisée qui serait le ventre mou de la démocratie sénégalaise du fait de ses connivences haïssables avec le pouvoir exécutif’’.
Le premier président de la Cour d’appel a rappelé aux nouveaux magistrats les qualités d’un juge.
’’Etre juge, c’est se montrer hermétique aux manœuvres de toute sorte qui tendent à imposer une solution préfabriquée depuis les plateaux de télévisions et les officines du droit qui essaiment dans les réseaux sociaux avec l’onction de supposés académiciens qui faute de place dans les revues scientifiques, sources de reconnaissance de leurs pairs, préfèrent dispenser leurs enseignements sur les spot-like des médias, loin des amphithéâtres et des salles de conférences où s’élabore la vraie doctrine’’, a-t-il dit.
Il a rappelé à ces nouveaux magistrats leur devoir ‘’d’indépendance et d’impartialité’’ dans l’accomplissement de leur mission de gardiens des libertés individuelles.
L’indépendance et l’impartialité, selon lui, doivent être vues ’’non comme des moyens de confort du juge, mais plutôt comme des garanties données aux justiciables, d’accéder à lui et de bénéficier d’un procès juste et équitable’’.
Pour le juge Demba Kandji, ’’cette posture particulière met le juge à la fois, hors et dans la société en lui faisant défense de se mêler et de gouverner ou de légiférer’’.
La meilleure façon pour le juge d’y parvenir, a-t-il affirmé, est ’’d’observer la réserve et la retenue que lui impose son statut’’.
’’C’est pour nous juges, a-t-il expliqué, entendre la clameur de la foule qui nous demande de libérer Barabbas tout en veillant à l’application de la loi. C’est rester serein à l’audience devant l’affluence du public, l’intensité, la violence des échanges, l’hostilité de la salle tout au long du procès’’.
’’C’est aussi dans ce tumulte, face au juge, requérir tout ce que commande la loi dans le seul intérêt de la société en son âme et conscience’’, a-t-il ajouté.
Selon lui, ’’il en est ainsi car il n’existe de justice digne qu’avec un juge libre, indépendant, sans parti, soucieux seulement de l’application de la loi’’.