Le président chinois a obtenu la suppression de la limitation des mandats présidentiels. Le Parlement chinois a voté ce dimanche 11 mars le changement de la Constitution, par 2 958 voix pour, deux contre et trois abstentions. Xi Jinping, qui à 64 ans venait d’entamer son second mandat, va maintenant pouvoir les enchaîner et devenir s’il le souhaite président à vie. Portrait de celui qui, depuis 2012, s’est appliqué à concentrer tous les pouvoirs.
Xi Jinping est issu d’un milieu privilégié : c’est le fils d’un révolutionnaire historique, compagnon de Mao Zedong, et à ce titre, il fait partie des « princes rouges ». Pour autant son père sera victime des purges lors de la Révolution culturelle, et sera lui-même envoyé à la campagne pour rééducation, pendant des années.
Cela ne l’empêche pas de décider de faire carrière dans la politique. Car s’il décroche à la fin des années 1970 un diplôme d’ingénieur chimiste de la prestigieuse université Tsinghua à Pékin, il entre à 20 ans dans l’appareil du Parti et entame son ascension en partant des échelons locaux.
Gouverneur du Fujian en 1999, patron du Parti au Zhejiang en 2002, deux provinces côtières vitrines des réformes économiques, il entre en 2007 au Comité permanent du Bureau politique, le cénacle dirigeant du PCC, dont il prendra les rênes en novembre 2012, avant d’être automatiquement désigné président du pays.
« Chairman of everything »
Xi Jinping transpose alors à tout le pays la lutte contre la corruption qu’il avait initiée au niveau local : elle lui permet d’écarter ses adversaires politiques, de placer ses hommes et de renforcer sa popularitéconsidéré par une partie de l’opinion comme le porte-étendard d’une « grande renaissance » de la Chine.
Il en profite pour empiler titres et pouvoir – secrétaire général du PCC, président du pays, chef de la commission militaire centrale – gagnant le surnom de « chairman of everything » – « président de tout », ce que justement voulaient éviter le Parti communiste après les désastres liés aux décennies de pouvoir de Mao Zedong.
« Tonton Xi »
Xi Jinping, surnommé affectueusement « Tonton Xi » par le grand public, a d’ailleurs initié ces dernières années un culte autour de sa personne inédit depuis Mao. Une propagande permanente qui s’illustre par des portraits, des bustes et une véritable omniprésence dans les médias. Un culte qui ne souffre aucune critique : la censure est partout, opposition et défenseurs des droits de l’homme sont muselés, au nom de « la stabilité sociale ».
Depuis cinq ans, il dirige déjà la Chine d’une main de fer et pourra désormais rester président de la République populaire aussi longtemps qu’il lui plaira, à la faveur d’une modification de la Constitution qui vient dimanche de supprimer la limite de deux mandats.
rfi