En France, une polémique enfle depuis vendredi 8 février et la parution d’un article du journal Libération sur la «Ligue du LOL», un groupe privé Facebook, créé par des journalistes devenus des harceleurs en ligne, sévissant sur les réseaux sociaux depuis une dizaine d’années. Les cibles de prédilection de ce groupe d’hommes étaient pour la plupart des femmes ou des militantes féministes, journalistes ou blogueuses. Parmi les victimes, la vidéaste et blogueuse scientifique Florence Porcel.
Les petits sigles Lol, « laughing out loud » ou Mdr, «Mort de rire», qu’on utilise pour signer des commentaires narquois sur les réseaux sociaux, connaissent un regain d’intérêt depuis ce vendredi sur le réseau Twitter. La popularité du mot dièse#LigueDuLOLne cesse d’enfler pour dénoncer les campagnes de cyber-harcèlement dont ont été victimes de nombreuses femmes, journalistes, politiques, militantes féministes ou encore blogueuses.
Au nombre des souffre-douleurs de la toile, la vidéaste et vulgarisatrice scientifique Florence Porcel qui a subi pendant des années un « harcèlement avilissant sur Twitter », faisant l’objet de publications de photos montages à caractère pornographique, d’un canular téléphonique humiliant mis en ligne sans son autorisation dans lequel un recruteur d’une chaîne de télévision lui proposait une embauche fictive.
Les excuses publiées aujourd’hui par leurs auteurs, bien que satisfaisantes, ne sont pas suffisantes, nous explique la vidéaste. Les faits sont maintenant prescrits, au regard de la loi cyber harcèlement a-t-elle indiqué sur Twitter, à la secrétaire d’Etat à l’Égalité femmes-hommes Marlène Schiappa.
«Personnellement je suis assez soulagée d’avoir des excuses maintenant. Elles sont plus ou moins maladroites ou de mauvaise foi. Mais je suis très satisfaite de voir que les directions des différents journaux prennent des dispositions pour qu’il y ait des actions concrètes contre les harceleurs qui en l’occurence sont des journalistes. Il y a prescription pour quasiment tous les faits. en ce qui me concerne, c’est profondément injuste et insupportable. C’est pour ca que je me suis permis d’en parler à Marlène Schiappa lorsqu’elle a twitté son soutien aux victimes de la Ligue du LOL. J’ai dit que la prescription était quelque chose qui nous empêchait de porter plainte. Elle m’a répondu qu’elle en parlerait à la ministre de la Justice», raconte Florence Porcel.
Cinq journalistes, notamment des journaux Libération et des Inrocks, sont concernés par ces révélations. Certains ont été mis à pied pour les besoins des enquêtes internes, d’autres démissionnent ou font l’objet d’un licenciement pour faute grave. Ces harceleurs du web occupent aujourd’hui en effet des postes à responsabilité dans de grands médias nationaux. « L’esprit de camaraderie issu des agissements de ce groupe Facebook a plutôt servi la carrière d’une grande partie de ses membres » commente sur Twitter le journaliste Jules Darmanin. Et c’est peut-être là le fond du problème : un harcèlement en ligne qui conforte ses auteurs dans leur lâcheté, avec un sentiment d’impunité, surtout quand ils pratiquent leurs méfaits, quasi exclusivement en meute.
Rfi