C’est l’un des plus grands noms de l’histoire de la mode qui est mort ce mardi. Connu dans le monde entier, Karl Lagerfeld s’est éteint à l’âge de 85 ans. Un look de maquis rock’n roll, cheveux blancs tenus par un catogan, lunettes noires, col de chemise haut, doigt couvert de bagues et une carrière internationale sans égal : à la tète de trois marques, l’italien Fendi, sa propre griffe Karl Lagerfeld, mais c’est surtout en tant que directeur artistique de Chanel qui a fait sa renommée. La maison française perd son maître. Il a passé près de 36 ans à la direction de chez Chanel et le jour de sa mort des clientes se souviennent de lui.
Les admirateurs de Karl Lagerfeld sont nombreux à lui rendre hommage depuis le début de l’après-midi devant le 31 rue Cambon, la mythique première boutique Chanel.
Parmi les réactions, celle de Franck Riester. Le ministre de la Culture a salué « un homme de style, un homme de lettres, un des plus grands ambassadeurs de l’élégance à la française ».
L’homme de pub
Le couturier allemand cultivant sa créativité a collaboré avec de nombreuses marques, participant dans les dernières années de sa vie à des campagnes de publicité télévisées parfois étonnantes.
L’homme de lettres
Le documentariste et journaliste allemand, Gero Van Böehm, avait réalisé une série de trois portraits de Karl Lagerfeld pour la télévision allemande en 1998, 2005 et 2015. Les deux hommes se connaissaient bien. Il se souvient d’un homme très cultivé, grand lecteur : « Tout d’abord, c’était un vrai homme de lettres. Il connaissait tout sur la littérature, la musique, les différentes langues, l’histoire du monde. Il y a plus que 300 000 livres dans sa bibliothèque gigantesque. Et j’ai rencontré Karl plusieurs fois vers 23 heures du soir, dans des librairies parisiennes où il achetait 20 ou 30 livres. Il dévorait les livres ».
Photo postée par Gero Van Böehm sur Instagram
« Karl, c’était un volcan de créativité, mais aussi et ce n’est pas très connu, un homme d’affaires très doué, et en même temps un homme sensible, même je dirais vulnérable. Il a aussi cultivé une charité silencieuse, il a aidé beaucoup de gens qui en avaient besoin. Il me vient des mots qu’il m’a dits : ‘tout commence avec moi et tout va finir avec moi’. Il n’a pas arrêté, il a continué jusqu’au bout de ses forces avec une discipline prussienne extraordinaire. Impensable qu’il serait à la retraite en observant de loin quelqu’un d’autre dessiner des collections », a raconté Gero Van Böehm à RFI.
Lagerfeld a cassé les codes dans le monde de la mode
Alexandre Samson, responsable des créations contemporaines au musée Galliera, le musée de la mode, insiste lui sur le renouveau apporté par le couturier dans le monde très formaté de la haute couture : « Karl Lagerfeld a depuis les années 50 apporté une stature contemporaine à la mode, dans le sens où il a inventé notamment le statut de directeur artistique. Karl Lagerfeld a en effet dessiné des vêtements pour de très nombreuses marques, mais également il s’est occupé de leur image, de leur communication, qui a fait de lui l’instigateur de tout un courant de créateurs qui existent aujourd’hui et dont il est le père[ …] Karl Lagerfeld a senti durant toute sa carrière un air du temps et a su toujours en tirer parti pour être à chaque fois, à chaque saison à la pointe des tendances. Il laisse un vide immense. Il laisse un vide historique… ».
Rfi