Le président américain Donald Trump a annoncé tôt ce mardi matin sur les réseaux sociaux le remplacement à la tête du département d’Etat de Rex Tillerson par Mike Pompeo, jusqu’alors directeur de la CIA, l’une des principales agences de renseignement américaines.
Il a toujours été de notoriété publique que Donald Trump et Rex Tillerson avaient des divergences sur de nombreux dossiers. La proximité entre le président américain et son nouveau chef du secrétariat d’Etat Mike Pompeo ne fait quant à elle aucun doute. « C’est quelqu’un qui lui est très fidèle », observe ainsi Simon Grivet, maître de conférences en histoire et civilisation des Etats-Unis à l’université de Lille. En témoigne sa récente intervention à la télévision américaine où l’ex-patron de la CIA avait pris la défense de Donald Trump, dont la santé mentale était discutée. Sa nomination au poste de secrétaire d’Etat pourrait être une façon de le remercier, avance Simon Grivet.
Ancien militaire, avocat, homme d’affaires, Mike Pompeo, 53 ans, a également été élu républicain du Kansas à la Chambre des représentants entre 2011 et 2017. Un poste qu’il a quitté à la demande de Donald Trump qui l’a nommé lors de sa prise de fonction à la tête de l’agence de renseignement. Il a été celui qui tenait informé le président sur les questions de sécurité nationale et serait, selon la presse américaine, très proche des positions de Donald Trump sur les grands dossiers internationaux.
Une radicalisation de la diplomatie américaine
« Il n’y a qu’un papier de cigarette entre les idées de l’un et celles de l’autre. Mike Pompeo a été choisi pour mettre en action la politique étrangère de Donald Trump telle que celui-ci l’imagine », commente Jean-Eric Branaa, maître de conférences à l’université Paris-2, chercheur à l’IRIS et auteur de Trumpland : une Amérique divisée. C’est le cas du dossier nord-coréen, pour lequel Mike Pompeo aura la lourde tâche de préparer et d’accompagner les futures discussions avec Pyongyang.
C’est aussi le cas de l’accord sur le nucléaire iranien. Comme Donald Trump, Mike Pompeo est connu pour y être opposé. « Ils estiment que l’Iran est devenu une grande puissance régionale et qu’il faut la contraindre et la restreindre, y compris par des moyens militaires si nécessaire », indique Philip Golub, professeur de relations internationales à l’université américaine de Paris. Il en est de même pour la Chine, dont le nouveau secrétaire d’Etat tentera de contraindre, sinon d’endiguer, les efforts pour développer sa puissance en Asie orientale, prévient Philip Golub.
La nomination de Mike Pompeo à la tête de la diplomatie américaine pourrait ainsi illustrer une radicalisation de la politique étrangère des Etats-Unis. Si Rex Tillerson était porté sur une défense intégrale des intérêts américains, il était ouvert à la possibilité du dialogue, remarque le professeur de relations internationales. A l’inverse, poursuit-il, l’ancien patron de la CIA est plus favorable à la résolution des conflits par la force.
rfi