Avec un score de 58,27%, Macky a eu le ‘’jackpot’’ à la présidentielle. Il ne pouvait rêver mieux. L’étiquette du premier président du Sénégal à avoir fait un seul mandat, il n’avait pas envie de l’endosser.
Il a évité l’humiliation. Il a sauvé son mandat, il a sauvé sa peau.
Bien sûr, sa victoire a été écornée par les accusations de fraude de ses adversaires, le fait que ses derniers, unanimes, ne l’ont pas félicité, mais, Macky, lui, tient son mandat. Et c’est tout ce qui importe pour lui.
Car, il sait qu’il va davantage sécuriser les siens embarqués dans différentes opérations de gestion d’affaires publiques et qui seraient les cibles en première ligne d’une opposition revancharde.
Il sait qu’il va pouvoir ‘’finir’’ ses chantiers, voir enfin la couleur du pétrole et du gaz qu’il a eu la chance de faire découvrir au Sénégal.
Son parti et sa coalition auront le temps de davantage mûrir. Et la reconfiguration politique pourrait également lui être favorable parce que sachant que la coalition Idy 2019 est la plus fragile, même si Ousmane Sonko pourrait davantage gagner en notoriété.
Alors, ce scénario lui va très bien. Le ‘’jeune’’ Président ne va pas moins faire que son prédécesseur Wade, il ne sera pas la risée de certains de ses pairs d’Afrique qui le supportent à peine.
Le ‘’mbarasse’’ (danse traditionnelle) et le ‘’couraye’’ (encens) vont encore, pendant cinq ans, rythmer l’ambiance au Palais. Et ‘’fagne, fagne, fagne’’…. (Cri de guerre sérère).
En revanche, Idrissa Seck, le leader de Rewmi et patron de l’une des plus rayonnantes coalitions lors de cette présidentielle avec pas moins de quatorze leaders, s’est refait une santé politique.
On le donnait pour ‘’mort’’, politiquement s’entend, si jamais il ne gagnait pas cette élection. Des analystes disaient même que c’était sa dernière élection. Les choses ont changé.
Idy a gagné Thiès, son bastion électoral et s’est arrogé le vote mouride qui va au-delà de Touba. Mieux, il s’est fait ‘’adopter’’ par le Khalife général de cette confrérie, ce qui n’est pas rien.
Aujourd’hui, mathématiquement, avec ses 20,50%, Mara comme l’appellent ses proches, est devenu, de facto, le Chef de l’opposition sénégalaise. Il a pris la place de Wade avec un Parti démocratique sénégalais (Pds) aux stratégies hasardeuses.
Il a marqué des points aussi bien au niveau politique que psychologique. Il marqué l’opinion par son sens de la mesure, lui qui n’a pas voulu avoir des dividendes politiques dans la violence.
C’est dire qu‘il faudra désormais compter avec lui. Avec Sonko qui a pris la troisième place, ils vont mener les batailles appropriées, notamment au cours des prochaines échéances électorales : locales, législatives, etc.
Et dans le sillage des dialogues politiques futurs, Macky se fera l’honneur de tout faire pour avoir Idy autour d’une table. Parce qu’il sait que c’est cela qui fera plaisir à de hautes autorités religieuses.
Ainsi, Idy a été ressuscité faut d’avoir été élu. Comme Soumaïla Cissé au Mali, Macky sera obligé de l’avoir en face de lui, et en permanence. Son apport sera important dans les projets inéluctables de refonte des institutions, de la révision des règles du jeu électoral, etc.
Or, le statut de Chef de l’Opposition pourrait officiellement lui être attribué si le résultat du référendum est matérialisé n’est pas anodin.
Ragaillardi, le patron de Rewmi n’aura pas du mal à revitaliser son parti, revoir ses stratégies.
Malheureusement, il peut ne plus avoir à affronter Macky. Ne serait-ce que directement. Mais, leur rivalité ira crescendo dans les prochains mois et années.
Il s’agit pour l’ancien Premier ministre de réussir, un jour, à bénéficier de la confiance de la majorité des Sénégalais.
Mais sa tâche sera d’autant plus difficile qu’en dehors d’Ousmane Sonko, Khalifa Sall, Karim Wade et autres pourraient être de sérieux freins à ses ambitions même si tous ces leaders, exceptés Karim, semblent être, aujourd’hui, dans la même mouvance.