Syrie: huit ans plus tard, le retour en grâce progressif de Bachar el-Assad

Le 15 mars 2011 avaient lieu les premières manifestations contre le pouvoir de Bachar el-Assad en Syrie. Huit ans plus tard, dans ce pays, le soulèvement des « printemps arabes » s’est transformé en une guerre aux multiples acteurs et plus de 370 000 personnes ont trouvé la mort, des millions sont déplacés ou réfugiés. Si Bachar el-Assad n’a pas encore repris le contrôle de la totalité du territoire syrien, le régime de Damas apparaît de moins en moins infréquentable aux yeux de ses voisins arabes.

L’isolement diplomatique de la Syrie s’est fissuré ces derniers mois. Fin 2018, le Soudanais Omar el-Béchir a été le premier chef d’Etat arabe à se rendre en visite officielle à Damas depuis 2011 ; les Emirats arabes unis et Bahreïn ont annoncé la réouverture de leurs ambassades dans la capitale syrienne ; le chef de la sécurité nationale syrienne s’est rendu en Egypte pour parler lutte contre le terrorisme. Il y a quelques jours, le président du Parlement de Damas était en Jordanie pour une réunion panarabe.

Parmi les pays arabes, ceux qui ont soutenu l’opposition syrienne considèrent avoir échoué : le régime de Bachar el-Assad a tenu grâce au soutien de ses alliés russe et iranien. Désormais, la tentation de renouer avec Bachar el-Assad est palpable au nom de l’unité arabe, au nom de la lutte contre le terrorisme ou pour freiner les ambitions régionales de l’Iran.

Le véritable test aura lieu à la fin du mois en Tunisie. Le pays accueillera un sommet de la Ligue arabe. Tunisie, Irak et Liban ont déjà appelé au retour de la Syrie au sein de l’organisation, huit ans après sa mise à l’écart.

Comment Damas a reconquis son territoire

Au plus fort de la guerre, en 2014, le gouvernement syrien avait perdu 80% du territoire et seule la moitié des 25 millions de Syriens vivaient encore sous son administration, rappelle notre correspondant à Beyrouth, Paul Khalifeh. Le groupe Etat islamique contrôlait la moitié de ce pays de 180 000 km². Les rebelles islamistes d’obédiences diverses en contrôlaient le quart et les Kurdes étaient présents au nord-est.

A partir de 2015, la situation a commencé à changer avec la participation directe de l’armée russe aux combats. Aujourd’hui, les rapports de force militaire ont radicalement changé en faveur du gouvernement syrien, qui a repris le contrôle de plus de 70% du territoire où vivent les trois quarts de la population. Le régime a redéployé son armée le long de la frontière avec le Liban et la Jordanie et une partie de celle avec l’Irak. Les derniers combattants du groupe Etat islamique sont encerclés dans un réduit de quelques centaines de mètres carrés à l’est de l’Euphrate.

Les Kurdes, eux, contrôlent le quart du pays, où ils ont installé une administration autonome. Les jihadistes se sont rassemblés dans la province d’Idleb, au nord-ouest. Leur nombre varierait entre 30 000 et 50 000 combattants.

Enfin, les rebelles islamistes sont présents dans une bande frontalière longue de 400 kilomètres dans le nord du pays, sous la protection de l’armée turque, qui déploie plusieurs milliers de soldats en Syrie.

 

Rfi