Le Parti socialiste (Ps) tend la main à ses membres exclus. Le Bureau politique, réuni de ce samedi, a demandé à Khalifa Sall, Barthélémy Dias, Aïssata Tall Sall, entre autres responsables du parti exclus, de rejoindre leur parti. Le porte-parole du jour du PS, Abdoulaye Willane, considère que ces derniers sont toujours ‘’socialistes’’ malgré les divergences factuelles et conjoncturelles qui ont conduit à leur départ.
Le parti qui entend ainsi tourner la page de la scission, fait appel à tous. Car, en réalité, il sait que l’objectif du Secrétaire général Ousmane Tanor Dieng a été atteint. Macky qui a été soutenu par les Verts, a gagné et ce compagnonnage va se poursuivre jusqu’en 2024, date à laquelle ils comptent travailler à reconquérir le pouvoir.
Et c’est dans cette optique qu’ils se disent qu’ils seront ainsi en phase avec les dissidents, lesquels voulaient justement que le parti ne soit pas remorqué et qu’il ait un candidat lors d’élections.
Un raisonnement qui a certes une certaine logique mais qui, simpliste, relève d’une certaine utopie.
Trop d’eau a coulé sous les ponts. Et le Bp du parti qui s’est réuni n’a pas donné les formes qui seront ainsi observées pour cette réintégration.
Les responsables dont il est question ont été exclus. Est-ce que le parti a décidé de les réintégrer ? Il ne le dit pas. Est-ce que cet acte sera unilatéral selon le parallélisme des formes, ou à la demande des intéressés ? Le Ps est muet sur la question.
Or, logiquement, on ne peut pas exclure quelqu’un et lui tendre la main pour le retour. On commence par annuler l’acte d’exclusion et une fois l’obstacle juridique levé, on entame une démarche pour la réconciliation politique. Ce qui n’a pas été fait.
C’est qui veut dire qu’après les avoir exclus, le Ps s’attend à ce qu’ils manifestent le désir de se faire intégrer pour amorcer la démarche juridique. C’est dire que les membres du Bp savent qu’aucun d’entre eux n’entamera cette démarche. Car ce serait une façon, pour eux, de reconnaitre leur tort et de s’inscrire dans une dynamique de demander pardon. Or, il n’y en aura pas beaucoup qui se rabaisseraient de cette façon.
Bien sûr, on peut penser que la démarche s’adresse à des personnalités de la trempe de Aïssata Tall Sall qui a rejoint la coalition au pouvoir lors de la présidentielle, et Bamba Fall le maire de la Médina qui semblait indécis. Mais même ces derniers hésiteraient à accepter le piège de cette forme de réconciliation.
En gros, en l’état actuel des choses, la réconciliation est quasi-impossible. Si les Socialistes étaient vraiment sincères, ils auraient pu annuler l’exclusion de tous leurs camarades au lieu de se satisfaire de déclarer qu’ils sont encore ‘’Socialistes’’.
Ils auraient également voté une motion de soutien à Khalifa Sall et demandé à leur allié, le Président Sall, de le libérer.
Or, de tout cela, rien n’y fit. L’appel ressemble alors à une sorte de déclaration de bonne intention destinée à montrer leur apparence de bonne foi alors qu’ils savent que les orientations prises n’agréent pas tout le monde.
C‘est vrai que Tanor a probablement envie de céder le parti à la nouvelle génération. C’est vrai qu’il a eu sous Macky l’impulsion nécessaire à une bonne retraite politique et le Ps s’est aussi redoré le blason en termes de capacités opérationnelles, mais il faudrait bien plus que ce simple appel pour asseoir les conditions de l’unité dans le parti.
Qui plus est, Khalifa Sall, avec toutes les épreuves traversées, a tourné la page de ce compagnonnage parce qu’il a été humilié par un allié de son ancien parti qui a été coupable de complicité par omission, pour ne pas dire inaction.
Certes, le parti est encore solide et bien organisé, mais il est peu apte de nos jours à conquérir le pouvoir. Il lui faudra une seconde jeunesse avec un nouveau pilote qui va s’appuyer sur d’autres forces. Car celles perdues le sont définitivement.