Ces derniers jours, le président Donald Trump a menacé de fermer sa frontière sud si le Mexique continue à laisser passer sur son territoire les migrants illégaux qui vont aux États-Unis. Depuis octobre dernier, des cortèges formés de milliers de migrants traversent le pays.
De notre correspondant à Mexico
Chaque mois, voire chaque semaine, de nouvelles caravanes de migrants se forment. Il y en a actuellement deux qui se dirigent vers le nord du Mexique. L’une d’elles, qui s’est mise en route le 23 mars dernier, comprend quelque 2 000 migrants centraméricains. Elle est suivie d’une deuxième colonne composée de 600 Cubains et 200 Centraméricains et l’on vient d’apprendre qu’une nouvelle caravane de 350 personnes s’était mise en marche le 1er avril.
On parle également d’une immense caravane qui serait en train de se former au Honduras. Pour le moment difficile d’en savoir plus. Il s’agirait d’une caravane de 20 000 Honduriens. Il faut prendre cette information avec beaucoup de prudence. Certes, elle a été divulguée par la ministre de l’Intérieur mexicaine, Olga Sanchez Cordero. Mais elle a été catégoriquement démentie par les autorités honduriennes.
Retenir les migrants au Mexique et freiner l’exode
Le président mexicain Andrés Manuel Lopez Obrador lui ne veut pas arrêter les migrants, comme le lui demande Trump, mais bien plutôt les aider à traverser le territoire en toute sécurité. Il n’est donc pas question pour lui de contenir ce flux migratoire, mais de connaître l’identité des migrants et de régulariser leur statut, à condition bien sûr qu’ils entrent de manière légale et ordonnée dans le pays.
En plus, dans le cadre de sa politique d’« accueil humanitaire », il cherche aussi à leur offrir des visas temporaires pour les inciter à rester au Mexique, où il prétend pouvoir leur offrir du travail. Ce qui permettrait, selon lui, de freiner cet exode des Centraméricains vers les États-Unis.
Les autorités locales mexicaines dépassées
Lorsque les membres de ces caravanes arrivent à la frontière avec les États-Unis, soit ils restent au Mexique dans l’attente de pouvoir présenter leur demande d’asile aux autorités américaines, soit ils traversent illégalement la frontière. Et ils sont toujours plus nombreux à le faire, si l’on en croit les autorités américaines qui estiment qu’ils étaient quelque 100 000 à passer aux États-Unis en mars dernier. Certains d’entre eux le font d’ailleurs dans le but d’être arrêtés par la patrouille frontalière, ce qui leur permet de déposer leur demande sur le territoire américain.
Mais ceux-là courent le risque d’être renvoyés au Mexique où ils doivent attendre que leur dossier soit traité par la justice américaine. Jusqu’à maintenant, ils étaient 60 à être reconduits quotidiennement au Mexique. Désormais, ils devraient être 300 par jour. Et donc ils viendront s’ajouter aux milliers de migrants qui attendent du côté mexicain, aux membres des nouvelles caravanes qui vont arriver et aux sans-papiers qui sont expulsés des États-Unis.
Il est fort probable que le Mexique s’achemine vers une crise migratoire. Les autorités locales mexicaines sont en effet déjà débordées par cette population installée tout au long de la frontière et la situation va devenir rapidement intenable. Plus encore si Trump décide de fermer la frontière entre les deux pays.
Rfi