L’Équateur a mobilisé plusieurs de ses ministres pour défendre la décision du président Lenin Moreno de lever jeudi 11 avril l’asile diplomatique de Julian Assange. Quito a également commencé un bras de fer avec l’organisation WikiLeaks fondée par M. Assange, l’accusant d’espionnage.
Avec notre correspondant à Quito,Éric Samson
Critiquée à Quito par le Défenseur du peuple, l’expulsion de Julian Assange des locaux de l’ambassade d’Équateur à Londres est le résultat, entre autres, du mauvais comportement du fondateur de WikiLeaks, selon José Valencia, le ministre équatorien des Affaires étrangères.
« Julian Assange était bénéficiaire de l’asile dans notre ambassade à Londres et pourtant il a multiplié les actes inamicaux et les insinuations contre le pays qui le protégeait, a-t-il indiqué. Il a accusé l’Équateur de répondre aux intérêts de puissances étrangères. Il a dit que nos diplomates étaient des espions, des accusations absolument grotesques et fausses. »
Selon M. Valencia, les déclarations de M. Assange en faveur de l’indépendance de la Catalogne ou au moment d’élections en Australie ont compliqué la tâche de la diplomatie équatorienne et violé les conventions de La Havane et de Caracas sur l’asile diplomatique. Cela faisait sept ans que le fondateur de WikiLeaks avait trouvé refuge dans l’ambassade.
Quito accuse WikiLeaks d’espionnage
Face à l’hostilité croissante entre le président de l’Équateur Lenin Moreno et Julian Assange, Quito soupçonne WikiLeaks de s’être mis au service des intérêts de son fondateur et donc de participer à des activités d’espionnage et de déstabilisation du gouvernement.
« Nous avons des éléments solides qui nous laissent penser que des membres importants de WikiLeaks se trouvent en Équateur, a dit la ministre de l’Intérieur Maria Paula Romo. Il y en aurait au moins un vivant dans le pays depuis plusieurs années. Cette personne et deux hackers russes auraient participé à des activités de déstabilisation du gouvernement et d’espionnage de communication », a-t-elle déclaré lors d’une réunion avec la presse étrangère jeudi 11 avril.
Selon elle, cette personne était en contact très régulier avec des partisans de l’ex-président coréen et avait notamment voyagé en février au Venezuela avec l’ancien ministre des Affaires étrangères Ricardo Patiño.
Rien ne permet d’affirmer s’il s’agit du membre de l’organisation WikiLeaks qui a été arrêté jeudi 11 avril après-midi alors qu’il essayait de quitter le pays en direction du Japon. Deux hackers russes sont également recherchés.
Reconnu coupable de violer les conditions de sa liberté provisoire
Reconnu notamment pour avoir divulgué des centaines de milliers de documents confidentiels portant sur les activités et parfois les bavures de l’armée américaine en Irak et en Afghanistan, M. Assange a été reconnu coupable par le tribunal de Westminster d’avoir violé les conditions de sa liberté provisoire en 2012.
Rfi