En Côte d’Ivoire, à quelques jours du 15e anniversaire, le 16 avril 2004, de la disparition du journaliste franco-canadien Guy-André Kieffer sur un parking d’un supermarché à Abidjan, Reporters sans frontières (RSF) appelle les autorités ivoiriennes et françaises à tenir leurs engagements pour faire la lumière dans ce dossier. L’organisation de défense de la liberté de la presse craint que l’affaire soit classée, si rien n’est fait.
« Il serait inacceptable que ce dossier soit classé par la justice des deux pays alors que tous les témoins n’ont pas été interrogés et que les responsables n’ont pas été arrêtés », souligne Baudelaire Mieu, correspondant de RSF en Côte d’Ivoire, joint par RFI.
Guy-André Kieffer enquêtait sur les milieux troubles du commerce du cacao et sur d’éventuelles malversations dans la filière. Comme presque chaque année depuis 2004, sa famille et ses proches regrettent l’enlisement de l’enquête. Cette absence de progrès dans l’enquête est particulièrement inquiétante, comme l’explique Baudelaire Mieu : « L’absence de progrès dans l’enquête est d’autant plus inquiétante que certains des protagonistes cités sont morts. Michel Legré, très proche du président Laurent Gbagbo, qui avait donné rendez-vous à Guy-André Kieffer le jour de sa disparition, est mort en 2016. Il avait, dans un premier temps, avoué avoir servi d’appât pour attirer le journaliste sur ordre du régime, avant de se rétracter. L’ancien ministre des Finances de Laurent Gbagbo, Bohoun Bouabré, dont le nom a été cité dans cette affaire, est pour sa part décédé en 2012. »
« En 2016, l’ancien chef de la sécurité de Simone Gbagbo, Anselme Seka Yao dit Seka-Seka avait été accusé, par un ex-chef des milices pro- Gbagbo, d’avoir exécuté et incinéré le journaliste sur ordre de l’ex-première dame. Depuis, aucun de ces protagonistes n’a été inquiété par la justice et nous craignons que ce dossier soit classé si l’enquête n’est pas relancée », a encore dit le correspondant de RSF en Côte d’Ivoire, Baudelaire Mieu.