En Egypte, le vote pour le référendum d’amendement de la Constitution a commencé, ce samedi 20 avril, et durera trois jours. Quelque 61 millions d’électeurs sont appelés à se prononcer, en Egypte et à l’étranger, sur la prolongation du mandat présidentiel. Abdel Fattah al-Sissi pourra rester au pouvoir jusqu’en 2030 au lieu de 2022. Les amendements confèrent aussi à l’armée des pouvoirs accrus et réservent aux femmes 25 % des sièges du Parlement. Un référendum où le « Oui » est sûr de l’emporter et où la seule incertitude concerne le taux de participation.
avec nos correspondants au Caire, Alexandre Buccianti et Eric de Lavarène
Pour obtenir un taux de participation respectable, le gouvernement a décrété le branlebas de combat. Des bannières colorées, des minibus qui sillonnent les avenues pour appeler au vote, mais aussi des distributions de jus de fruits, de café, de tee-shirts et autres cadeaux présidentiels: les rues du Caire ont pris le visage de ce référendum constitutionnel.
Les formations politiques soutenant le Raïs ont mobilisé leurs militants mais ont aussi engagé des extras aussi est-ce la fiesta devant les bureaux de vote, surtout dans les quartiers populaires. A Shoubra, le quartier le plus populeux du Caire, des hauts parleurs diffusent des chansons patriotiques parfois dansantes. Des drapeaux égyptiens sont distribués aux électeurs. Des jeunes aident les vieux et les analphabètes. Beaucoup de femmes au foyer sont souvent accompagnées de leurs enfants et certaines dansent après avoir voté. Plus tôt dans la journée, à l’ouverture des bureaux de vote, c’était plutôt les retraités qui faisaient la queue.
Les opposants se font discrets
Devant les bureaux de vote, de longues files d’attente se sont formées. Kamel nous explique qu’il a voté oui pour un changement de Constitution qui permettra à l’actuel président de rester potentiellement maître du pays jusqu’en 2030. « Je suis content de voter pour que le pays continue d’avancer dans la bonne direction, sans plus de révolution ou de manifestation comme avant. Merci Dieu. Il y a désormais plus de sécurité, on n’a plus peur de sortir ou d’aller travailler ».
Les opposants au oui eux se font tout petits, comme ce jeune étudiant qui préfère s’éloigner des bureaux de vote et des services de sécurité pour exprimer son mécontentement. « Les gens participent, mais on sait que le résultat sera tronqué à la fin : 97 ou 98% juste pour se donner plus de légitimité ».
Il est difficile au stade actuel du scrutin d’estimer le taux de participation d’autant que le référendum s’étend sur trois jours, au milieu d’un battage médiatique permanent. Les résultats seront donnés avant le Ramadan, dont le commencement est prévu pour le 5 ou le 7 mai.