Une politique pour faire peur à Senghor a été utilisée pour faire adopter des mesures qui arrangeaient certains contre la vie et la liberté d’autres. Ami de longue date, le binôme Dia-Senghor pouvait sortir le Sénégal de la pauvreté, mais quand Jean Collin a commencé à instaurer cette peur, il n’était pas conscient des effets dévastateurs que cela allait causer.
Binôme Dia-Senghor
Ils forment leur parti, le Bloc Démocratique Sénégalais, Dia et Senghor trouvait le parti de Lamine Gueye très « français ». Entre la diplomatie de Senghor et le pragmatisme de Dia, le couple politique allait à la conquête du monde et si ce n’était pas à cause de l’entourage de Senghor, le Sénégal ferait partie des pays développés. Dia avait une vision économique qui nous aurait sortis de cette pauvreté pour nous mettre sur la voie de l’émergence. Dia n’a pas pu éviter le complot de toute une nation au profit d’intérêts personnels. Une motion de censure à l’encontre de Dia a été adoptée et tous les pouvoirs sont donnés à Senghor. C’est la fin du bicéphalisme. La situation économique du pays était en agonie et le chômage est à son point le plus culminant pour un pays de deux millions d’habitants dont les deux tiers sont des ruraux. L’inflation accroît de manière fulgurante et le pouvoir d’achat est quasi inexistant, ce qui pousse l’UNTS, un syndicat qui était adhérent au parti de Senghor, a critiqué la politique socio-économique de Senghor. Les étudiants prennent part aux manifestations et le campus universitaire est fermé sur l’ordre du ministre de l’Intérieur. Face aux attaques de maisons des membres de l’UPS et des incendies, Senghor annonce l‘état d’urgence. Un accord est trouvé, mais pas pour longtemps, car un second état d’urgence sera déclaré. Senghor se rend compte que la situation est grave et il craint un coup d’état comme on le voyait dans beaucoup de pays voisins. Dans la tête de Senghor, un coup d’état était inéluctable d’après les informations qu’il recevait des renseignements généraux et de ses proches.
Quand la peur prend les commandes
Nous assisterons à beaucoup de condamnations durant l’époque de Senghor. Charles Gueye sera condamné à 10 ans d’emprisonnement pour complot contre la sécurité de l’état. Malik Samb, aussi connu sous Max Mader, sera condamné à un de prison pour une manifestation interdite. Ils étaient des proches de Majemout Diop du PAI disent-ils. Le 22 mars 1967, pendant que Senghor assistait aux cérémonies à la grande mosquée de Dakar, une tentative d’assassinat a été déjouée. Celui qui est accusé n’est autre que Moustapha Lô, et il sera exécuté en 1967. D’autres seront lourdement condamnés pour avoir pris part à la tentative d’assassinat ou pour ne pas avoir dénoncé les commanditaires du plan. Il s’agit de Mamadou Moustapha Dramé, Doudou Ndiaye et Abdoul Baila Wane.
Ibrahima Paye, aussi connu sou le nom de Jack, Blondin Diop, Mohamed Diop, Mame Sidy Gueye et Thiemokho aussi connu sous l’alias Thié Camara ont été emprisonnés pour avoir incendié le centre culturel français durant la visite du président français Pompidou. La police va plus tard déclarer que Blondin Diop s’est suicidé par pendaison, il n’avait que 26 ans. En peu de temps, le Sénégal a vécu une tentative de coup d’état, une tentative d’assassinat, et de plusieurs troubles d’étudiants. La manipulation à l’encontre de Senghor lui fait prendre des décisions irréfléchies.
Le Sénégal, qui avait des prisonniers politiques selon le rapport de certains organismes des droits de l’homme, ne voulait pas que son image se ternisse. Senghor se préparait à une amnistie pour libérer tous ceux qui étaient emprisonnés pour tentative de coup d’état et trouble à l’ordre public. Dia était un des accusés qui sera libéré puis amnistié, il avait 62 ans, éloigné de la scène politique pendant douze ans et qui a presque perdu la vue. Contre toute attente, le ministre des forces armées, Magatte Lo, était contre la libération de Dia. Il présente sa démission, mais le président Diouf lui demandera d’attendre le retour de Senghor. Il n’était pas le seul contre la libération de Dia, il y avait le président de l’Assemblée nationale, Amadou Cissé Dia et le ministre des Finances, Babacar Ba. Pourquoi, Dia à 62 ans et presque aveugle, faisait-il encore peur à certains ou ne faisait-il pas pitié à d’autres? Pourquoi ce manque d’humanisme face à Dia ? Tout ce que Dia voulait à sa sortie de prison est la création d’une commission nationale de réconciliation qui comprendra la société civile, les chefs de l’opposition et les khalifes généraux. Il s’avère que bien avant que cela ne soit officiellement annoncé, Dia et Valdiodio Ndiaye étaient déjà au pavillon spécial de l’hôpital Dantec.
Tous ceux qui voulaient préserver leurs intérêts personnels étaient contre Dia, les politiciens, les marabouts, et tous ceux qui bénéficiaient des faveurs et de l’argent du contribuable. Il dérangeait et il fallait l’éliminer et c’est ce que les faucons de la République ont fait. Les tensions sociales au Sénégal et les manipulations ont été à l’origine de cette accusation de coup d’état à l’encontre de Dia et des ministres accusés. Nous demandons aux autorités compétentes de déclassifier les dossiers de concernant le coup d’état, les tentatives d’assassinat et le suicide de Blondin Diop pour que la vérité soit rétablie. Les familles des victimes méritent cela.
Mohamed Dia