Le président russe Vladimir Poutine et son homologue nord-coréen Kim Jong-un se sont rencontrés jeudi à Vladivostok pour la première fois. À l’issue du sommet, l’homme fort du Kremlin a appuyé les garanties de sécurité réclamées par Pyongyang.
« Merci d’être venu », a déclaré Vladimir Poutine, en accueillant Kim Jong-un jeudi 25 avril à Vladivostok, dans la cité universitaire sur l’île Rousski où un important dispositif de sécurité avait été déployé. Pendant plusieurs heures, les deux dirigeants ont évoqué la dénucléarisation de la Corée du Nord, de la politique de Washington et des sanctions, le président russe estimant que le régime de Pyongyang avait besoin de garanties internationales en matière de sécurité.
« Nous, mes collègues et moi, sommes satisfaits des résultats de ces discussions », a déclaré Vladimir Poutine au terme de ce sommet, qui s’est achevé sans déclaration commune. Il a précisé que l’approche russe du dossier coréen coïncidait en partie avec la politique américaine, mais a estimé que des accords bilatéraux sur la sécurité ne seraient pas suffisants.
Kim Jong-un, arrivé la veille par train blindé, n’a quant à lui pas fait de déclaration à la presse après avoir pris congé de son hôte. Lors d’une suspension de séance, il avait souligné que la question coréenne était un sujet d’intérêt mondial.
Premier sommet depuis 2011
Deux mois après l’échec retentissant de sa deuxième rencontre avec Donald Trump à Hanoï, Kim Jong-un cherche des soutiens dans son bras de fer avec Washington et un certain rééquilibrage de ses relations entre Pékin, son plus proche soutien, et Moscou, son ancien allié de la Guerre froide. C’est l’URSS qui avait placé au pouvoir son grand-père et fondateur de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), Kim Il-sung.
Et cette première rencontre entre Poutine et Kim devait précisément démontrer que les États-Unis ne sont pas la seule puissance disposant de l’influence suffisante pour engager des négociations avec Pyongyang sur son programme nucléaire.
Selon Vladimir Poutine, le dirigeant nord-coréen a redit qu’il souhaitait aboutir à une dénucléarisation mais qu’il lui fallait des garanties en matière de sécurité.
Il s’agissait du premier sommet à ce niveau entre les deux pays depuis celui en 2011 entre l’ex-président Dmitri Medvedev et Kim Jong-il. Ce dernier avait alors affirmé qu’il était prêt à renoncer aux essais nucléaires. Kim Jong-un a depuis présidé à quatre essais nucléaires dont, potentiellement, celui d’une bombe à hydrogène en 2017, et au lancement de missiles intercontinentaux capables d’atteindre l’ensemble du territoire continental américain.
Moscou, un « facilitateur »
Signe de la dégradation observée avec Washington, Pyongyang s’est fendu la semaine dernière d’une attaque d’une rare violence contre Mike Pompeo, en demandant que le secrétaire d’État américain ne participe plus aux discussions sur la dénucléarisation.
Ce dernier, dans une interview accordée à la chaîne CBS mercredi, s’est montré prudent sur la suite du dialogue. « Ça va être mouvementé. Ça va être difficile », a-t-il estimé, se disant persuadé que Kim Jong-un est prêt à prendre des mesures en vue de l’abandon de ses armes nucléaires, en échange d’une moindre isolation.
Moscou prône un dialogue avec Pyongyang sur la base d’une feuille de route définie par la Chine et la Russie. Cette dernière a déjà demandé la levée des sanctions internationales, tandis que les États-Unis l’ont accusée d’aider Pyongyang à les contourner.
Soucieuse de ne pas froisser Washington, la Russie a d’ailleurs tenu lors de ce sommet à se présenter comme un « facilitateur » et non un concurrent dans les négociations avec Pyongyang.
Coopération économique
« Certains pays occidentaux revendiquent un leadership mondial, ils bafouent sans vergogne les normes et principes du droit international, pratiquent le chantage, les sanctions et les pressions et tentent d’imposer leurs valeurs et idéaux sur des pays et populations entiers », a critiqué Vladimir Poutine dans un entretien au Quotidien du peuple.
Outre le dossier nucléaire, les deux dirigeants devraient évoquer le renforcement de leur coopération économique et plus particulièrement la question de la main-d’œuvre nord-coréenne. Environ 10 000 travailleurs son employés en Russie, représentant une source précieuse de devises pour Pyongyang. La résolution 2397 du Conseil de sécurité de l’ONU de décembre 2017 demande à tous les pays employant des Nord-Coréens de les renvoyer chez eux sous deux ans.
Avec AFP